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Grand Angle

Zoubida Charrouf, la scientifique au service des coopératives d'huile d'argan

En aout 2013, Zoubida Charrouf, scientifique du laboratoire de l'Universite Mohammed V de Rabat, s'est rendue au Quebec pour présenter ses travaux de recherches sur les bienfaits de l'huile d'argan. La doctorante a découvert des propriètés moléculaires propres à l'huile d'argan. Zoubida Charrouf est le chantre de l'industrie de l'argan. Pendant 15 ans, elle s'est interessée aux spécificités de ce petit arbuste, menacé d'extinction. 

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Zoubida Charrouf, ambassadrice de l'huile d'argan dans le monde.
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Zoubida Charrouf n’est pas une femme marocaine comme les autres : elle est la première à s’être intéressée aux bienfaits de l’huile d’argan. Professeure à l’Université Mohammed V de Rabat, elle a consacré 15 ans de sa vie dans des travaux de recherches pour l’établissement des premières coopératives agricoles féminines du royaume. Aujourd’hui, cette native de Rabat se dit surprise de l’engouement suscité par l’arganier, reconnu mondialement pour ses vertus alimentaires, nutritionnelles, cosmétiques et thérapeutiques.

«Pour un maximum de retombées au Maroc» 

La success story de l’industrie de l’huile d’argan est en partie du au travail de la doctorante, qui s’est battue bec et ongle pour la reconnaissance de cette plante et améliorer le quotidien des femmes des zones rurales. «On me reproche d’avoir fait sortir la femme de chez elle», s’exclame t-elle avec humour. Ses travaux de recherches ont permis l’édification de plus de 30 coopératives à travers le royaume, qui enregistre chacune un chiffre d’affaire d’environ 800 000 dirhams. «Notre stratégie était de faire profiter les usagers forestiers de la plus-value qu’ils vont tirer» des arbres.

«Je reste derrière pour que le maximum de retombées restent au Maroc», déclare Zoubida Charrouf avec conviction. Au début de sa carrière scientifique, elle a dû faire face à de nombreuses réticences : difficile de s’imposer en tant que chercheuse quand on est une femme. Un autre problème de son objet d’étude : le fait de vouloir en savoir plus sur ce qu’on considérait à l’époque comme une vulgaire plante. «On me reproche de m’intéresser à un arbre qui appartient au peuple et non aux universitaires», répète t-elle à qui veut l'entendre.

«On revient à la réalité du pays»

Pendant toute la durée de sa thèse, elle part dans le sud-ouest du Maroc étudier les arganiers avec comme objectif : trouver le principe actif de l’huile d’argan, décrit par un auteur français du XIXème siècle. Zoubida Charrouf découvre très vite de nouvelles propriétés moléculaires extraordinaires de l’huile d’argan, comme ses bienfaits antioxydants et antimicrobiens. «La recherche, c’est très beau mais une fois qu’on a terminé, on revient à la réalité du pays», a justifié la chercheuse.

Dès lors, elle se met en tête de protéger cette flore fragile, menacée d’extinction. «Le Maroc perd environ 600 hectares de forets par an», constate Zoubida avec effroi. Pour ce faire, elle part sur le terrain, auprès des coopératives agricoles, pour leur apprendre à produire de manière responsable l’huile d’argan sans porter atteinte à la reproduction des arbres. Avec son mari, la scientifique confectionne les premiers torréfacteurs spéciaux «arganier» et le tour est joué.

Malgré les nombreuses aides accordées aux coopératives pour développer cette industrie éco-responsable, Zoubida Charroud est loin d’avoir atteint son objectif. Selon elle, le développement de l’industrie de l’argan est un chantier encore en construction et d’autres produits restent à être mis au point. «Je sais qu’on peut faire des choses extraordinaires avec les feuilles d’arganier, mais aussi avec la pulpe et le bois. Tout cela doit être exploité industriellement», répond Zoubida quant au sujet de l’avenir de l’arganier.

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