L’avant-projet de loi sur la presse ne prévoit aucun article interdisant la publicité des boissons alcoolisées. En revanche avec le tabac, il se montre beaucoup plus sévère avec à la clé des sanctions financières atteignant jusqu’à 15 mille dirhams contre les supports qui feront la promotion des cigarettes. Cette «omission», œuvre du département de Mustapha El Khalfi, fait grincer des dents chez certains députés de sa formation du PJD.
Ils comptent d’ailleurs présenter des amendements en vue d’une «Prohibition» à la marocaine. Ce qui devrait annoncer une confrontation entre le ministre de tutelle et ses «frères» du parti à l’occasion de l’examen du texte en commission de l’enseignement, de la culture et de la communication à la Chambre des représentants. Pour le moment aucune date n’a été fixée pour sa présentation. Mais la session parlementaire d’automne pourrait probablement voir les premières passes d’armes entre les deux camps.
Les membres du parti de la Lampe grands partisans de l’interdiction
Mais à qui profite, cette concession de la part du ministre islamiste : aux industriels ou aux professionnels des médias ? Ce sont, sans aucun doute, les seconds qui tireront le plus de bénéfice d’un tel cadeau. Il est vrai que la profession traverse, depuis deux années, une période de vache maigre au niveau des recettes publicitaires. Les annonces concernant les produits alcoolisés représentent une véritable bouée de sauvetage pour de nombreux supports de la presse écrite marocaine, notamment ceux francophones.
Le débat est loin d’être nouveau. Fin mai 2012, le groupe parlementaire du PJD avait déjà déposé une proposition de loi interdisant toute forme de publicité directe et indirecte de l’alcool. Les bars, les hôtels, les médias, les salons de vin et certaines rencontres sportives parrainées par des marques de boissons spiritueuses, étaient dans le viseur des islamistes. Le texte prévoyait, en effet, des peines d’emprisonnement de trois ans de prison et une amende oscillant entre 10 000 et 25 000 dirhams contre toute infraction. Depuis, l’initiative est restée lettre morte.
Après un silence d’une année et demi, le Mouvement unicité et réforme, la matrice du PJD, a pris la relève. Mi-novembre 2013, à l’approche des fêtes de fin d’année, le MUR avait demandé, dans deux lettres adressées respectivement au chef du gouvernement et à Mustapha El Khalfi, que cesse la promotion des boissons alcoolisées sur les colonnes de journaux francophones. Mais visiblement cette requête n’a pas trouvé d’écho favorable auprès de l’exécutif.