Menu

Grand Angle

La Chine, en passe de devenir un maillon important des IDE au Maroc ?

Au moment où des pays comme la France font tout pour attirer le maximum d’investissement chinois, le Maroc compte aussi s’y mettre. Actuellement, la seule trentaine d’entreprises chinoises présentes au royaume ne permet pas à ce mastodonte de l'économie mondiale d’apparaitre parmi les plus importants pays émetteurs d’IDE. A plusieurs reprises, Rabat et Pékin ont démontré leur volonté de renforcer la présence de la Chine dans le milieu des affaires marocain. Après études, forums et rencontres entre officiels, le Maroc vient de recevoir son plus gros investissement chinois avec l’arrivée du leader mondial de la sidérurgie. Prémices d’un nouveau positionnement de la Chine  au Maroc ?

Publié
DR
Temps de lecture: 3'

«Nous avons fait des études sur l'investissement dans la région d'Afrique du Nord et nous avons constaté que le Maroc est une destination de choix pour les investissements chinois», indiquait Ningchuan Liu, directeur des investissements dans la région d'Afrique du Nord au sein du Fonds de développement sino-africain, dans une déclaration à la MAP en marge du forum sur l'investissement sino-marocain, organisé en janvier dernier.

Quelques temps après, l’ambassadeur de Chine au Maroc appuyait cette idée, affirmant que «le Maroc pourrait servir de tremplin aux entreprises chinoises désireuses de s'exporter sur les marchés européen et africain». Et hier, mardi 22 juillet, le royaume chérifien a reçu son plus gros investissement chinois avec l’implantation du groupe Shandong Shangang, leader mondial de la sidérurgie.

Ce sera la première société chinoise à élire domicile dans l’une des cinq zones franches du royaume, puisque son unité de fabrication moderne de structures et de pipelines en aciers sera construite dans la zone franche de Tanger Automotive City. Le tout pour une enveloppe de 1,3 milliard de dirhams. L’usine devrait, à priori, produire annuellement 250 000 tonnes de tuyaux en acier totalement destinés à l’export.

Shandong Shangang «ouvre la voie à d’autres opérateurs chinois»

Cette implantation vient comme répondre à tous les efforts déployés depuis quelques années pour attirer un plus grand nombre d’investisseurs chinois, lesquels se sont particulièrement accentués cette année. Après le forum sino-marocain organisé à Pékin en janvier dernier, 80 patrons chinois ont débarqué au royaume en mars dernier pour prospecter. Un mois plus tard, l'Agence marocaine de développement des investissements (AMDI) organisait un voyage de presse, invitant une délégation de journalistes chinois à venir découvrir le Maroc pour mieux informer en Chine sur les opportunités d’affaires qu’offre le royaume. Fin juin encore, BMCE Bank a organisé un forum China Africa à Rabat auquel ont participé plusieurs grandes sociétés chinoises.

Actuellement, le Maroc ne compte qu’une trentaine d’entreprises chinoises, dont les plus en vue sont Huawei Technologies et Zhong Xing Telecommunication Equipment Company Limited (ZTE). D’ailleurs la part de la Chine dans les IDE au Maroc est si minime qu’elle n’est même pas spécifiée dans les statistiques officielles. Pour le ministre de l’Industrie, du commerce, de l’investissement et de l’économie numérique, Moulay Hafid Elalamy, l’arrivée de Shandong Shangang «ouvre la voie à d’autres opérateurs chinois», rapporte Les Eco.

Le Maroc désormais compétitif, grâce à la «transformation chinoise»

A en croire M. Elalamy, il n’est pas prétentieux pour Rabat de s’attendre à accueillir de plus en plus d’entreprises chinoises car, explique-t-il, l’ampleur de la transformation chinoise est telle que « les coûts, notamment du travail ont beaucoup augmenté, rendant le Maroc compétitif sur plusieurs variables». En effet, la Chine d’aujourd’hui n’est plus vraiment celle d’hier. Les salaires dans le privé ont considérablement augmenté (+17,1% en 2012) et Pékin entend poursuivre cette politique dans les années à venir afin de diminuer les inégalités. Du coup, le pays n'est plus vraiment cet eldorado de la main d'œuvre bon marché. Au niveau local même, plusieurs grosses entreprises migrent afin de réduire leurs coûts.

Le royaume chérifien présente donc de nombreux atouts pour l’investissement chinois, lequel pourrait concerner des secteurs comme l’automobile, le transport et autres. Pour l’instant, la France, l’Espagne, les Etats-Unis et les pays du Golfe continuent de s’imposer comme principaux partenaires économiques. Mais la Chine pourrait venir rapidement les bousculer.

Soyez le premier à donner votre avis...
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com