Siemens aurait «entièrement revu» son image de l'Afrique, assurait à Johannesbourg le responsable Afrique de l'entreprise allemande, Dirk Hoke. Le géant de l'électronique était jusqu'alors plutôt sous-représenté sur le continent dans ses secteurs clé de l'énergie, l'industrie et la technologie médicale, avec pas plus de 5%des parts de marché selon le quotidien économique allemand, Financial Times Deutschland. Pas assez pour surpasser la multinationale néerlandaise Philipps, la française Alstom et le groupe helvético-suédois ABB.
Mais avec le changement de cap annoncé par Siemens, Hoke voit grand. D'ici deux ans, les commandes provenant du continent africain devront passer d'un milliard à trois milliards d'euros, l'objectif étant de créer un contrepoids africain aux marchés émergents BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine). Et «dans cinq ans, nous nous voyons comme leaders du marché africain», affirme Hoke.
Outre l'Afrique du Sud, le Maroc est le pays où l'entreprise voit le plus de potentiel d'élargir ses parts de marché. Le Royaume est précurseur en matière d'énergies renouvelables, secteur sur lequel une grande partie de l'élargissement de l'activité de Siemens devra se baser.
S'il y a des projets d'exploitation des énergies renouvelables dans plusieurs pays africains, l'avantage du Maroc serait que, contrairement à la plupart de ses voisins du continent, des plans de financement seraient déjà établis au niveau national. Le Plan Solaire Marocain est le plus ambitieux d'entre eux, qui a, de plus, le soutien du Roi Mohammed VI. Même si des craintes sur la faisabilité de certains grands projets commencent à se faire entendre au Maroc, Siemens estime que le Royaume avait les meilleures perspectives de toute Afrique en matière d'énergies renouvelables.
Une annonce récente de Paul van Son, directeur de l'initiative industrielle Desertec (DII), vient confirmer cela. Dans une interview publiée le 9 juillet au quotidien allemand Handelsblatt, van Son expliquait qu'un projet pilote de Desertec sera lancé au Maroc. Un parc solaire de 500 à 1000 MW devrait être construit pour alimenter le Maroc et exporter de l'électricité verte à travers la connexion qui existe déjà avec l'Espagne.
«Le projet est tellement grand que nous pouvons démontrer l'effet d'échelle. Nous montrerons que les coûts baissent de manière significative en fonction de la taille des installations», a affirmé van Son. Car il s'agit là de l'un des grands enjeux du projet de Desertec. Les coûts de l'électricité solaire sont actuellement élevés, à tel point que dans de nombreux pays, les Etats la subventionnent. A long terme, cela est insoutenable, donc il reste à savoir si les coûts peuvent diminuer à un niveau concurrentiel sur le marché européen et pour le consommateur marocain.