Prier ensemble pour la paix et oublier les violences du dimanche dernier. C’est l’objectif de la soirée de prières multiconfessionnelle organisée lundi, à la synagogue de Sarcelles, dans le Val-d'Oise, où une manifestation de soutien à la Palestine, interdite par les autorités, a dégénéré la veille, donnant lieu à 18 arrestations au moins. Une manifestation pro-Israël devait également se tenir sur place, à l’appel de la Ligue de défense juive (LDJ).
Pour éviter que cela se reproduise, lundi soir, plusieurs centaines de personnes de différentes confessions, se sont réunies à la synagogue de Sarcelles, rapporte l’AFP. Parmi eux, des responsables religieux musulmans, juifs et chrétiens, dont le controversé imam de Drancy Hassen Chalghoumi et le grand rabbin de France Haïm Korsia, mais aussi des intellectuels comme l'écrivain Marek Halter ou encore le chanteur Enrico Macias.
La lutte contre l’antisémitisme
François Pupponi, maire socialiste de cette ville de la banlieue nord de Paris, habitée par près de 60 000 personnes, était également présent. Lors d’une intervention, il a expliqué que certains citoyens juifs lui avaient confié qu'ils ne se sentaient plus en sécurité et pensaient quitter la France. «Ce matin, les gens sont abasourdis et la communauté juive a peur», avait-il déclaré plus tôt dans la journée.
Avant cette initiative, le président français François Hollande, accompagné du ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, avait reçu dans l’après-midi, les représentants des religions catholique, musulmane, protestante, juive, bouddhiste et orthodoxe. «J'ai demandé à mon ami le recteur Dalil Boubakeur, qui a toujours à cœur de dénoncer l'antisémitisme, que cette dénonciation soit faite par l'ensemble des imams et des relais dans l'ensemble de la France pour que ce que nous vivons aujourd'hui s'arrête le plus rapidement possible», a déclaré à l’issue de cette rencontre Joël Mergui, président du Consistoire israélite central.
Une cause nationale
«Aujourd'hui, il a été rappelé par le président de la République que la lutte contre l'antisémitisme sera une cause nationale, avec des moyens qui y seront adaptés», a-t-il ajouté. «Notre rôle, comme l'a dit mon ami M. Joël Mergui, c'est aussi de faire très attention», a déclaré pour sa part le recteur de la Grande Mosquée de Paris et président du Conseil français du culte musulman, Dalil Boubakeur.
«Nous avons une très grande responsabilité» à assumer, a-t-il poursuivi, soulignant que «le vivre-ensemble est un impératif pour nous tous». Pour faire face aux difficultés entre les communautés, qui «viennent souvent de l'ignorance de l'autre», Boubakeur préconise le «dialogue interreligieux». «Pour ce qui nous concerne, le président de la République a noté une émotion considérable en France, il a noté qu'il en comprenait parfois l'expression, mais que (c'était) à nous aussi d'éviter certains abus, certaines dérives», a-t-il ajouté.
D’autres manifestations prévues
Outre à Sarcelles, une autre manifestation pro-palestinienne non autorisée à Paris a dégénéré samedi en affrontements avec la police. Mais contrairement à Sarcelles, la préfecture parisienne semble vouloir changer de stratégie. Selon Le Monde, elle a autorisé un nouveau rassemblement pour ce mercredi 23 juillet, organisé à l'appel du Collectif national pour une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens, composé nombreux partis, syndicats et associations. La marche commencera à 18h30 de Denfert-Rochereau pour s’achever vers les Invalides.