C’est terminé pour la Comarit, plus aucun recours possible. Lors d’un jugement rendu la semaine dernière (plus précisément le 17 juillet 2014), le tribunal de commerce de Tanger a ordonné la liquidation judiciaire du Groupe, rapporte le site spécialisé Maritime News.
En outre, la date de cessation de paiement du Groupe a été fixée au 19 mars 2011, d'après la même source. Le tribunal a également nommé un juge et un syndic de liquidation, appelant les créanciers à inscrire leurs dettes dans un registre ouvert auprès dudit syndic et ce, dans un délai de deux mois.
L’avocat des marins, Me Khalid Dardouh, s’y prépare déjà. «C’est une procédure incontournable pour garantir les droits des employés», indique-t-il à Yabiladi. Actuellement, il n’a pas encore eu accès au détail du jugement, ce qui le laisse dans l’incertitude. «C’est encore confidentiel. Nous ne savons pas si le jugement prend en compte les avoirs personnels des associés, car aujourd’hui, on ne sait pas vraiment de quoi dispose la Comarit», explique-t-il. En effet, après la vente de certains bateaux dont le Marrakech et le Biladi, sans parler des bateaux bloqués en Espagne dont la vente est envisagée depuis le début de l’année, la compagnie ne dispose plus de grand-chose. Et c’est également ce qui inquiète l’Union marocaine des travailleurs (UMT) qui milite depuis le début pour que les droits des marins soient respectés. Comme indiqué par un syndicaliste l'an dernier, les arriérés de salaires pourraient s'éléver à près de 250 millions de dirhams, tandis que les créances globales de la Comarit sont estimées à environ 1,5 milliard de dirhams.
Inquiétudes pour les salariés, le gouvernement appelé à agir
L'imposant siège social de la compagnie à Tanger, qui représentait un bien d'une grande valeur, avait été acquis et équipé au moyen d’un crédit leasing. Il a d’ailleurs été saisi le mois dernier sur décision de justice, prononcée en faveur de plusieurs créanciers dont des organismes financiers. «Il ne reste que les bateaux et ceux-ci sont devenus de la ferraille», remarque un des secrétaires de l’UMT, Brahim Karfa.
L’homme se demande à combien ils seront vendus pour pouvoir satisfaire les arriérés de salaires des 1 200 employés de la Comarit. D’autant plus que la majorité de ces hommes sont au chômage depuis deux ans et demi. «Quelques-uns ont pu trouver le travail dans le domaine maritime, en Tunisie notamment, mais ils sont extrêmement peu», confie le syndicaliste. Le reste vit dans des conditions précaires. Certains ont même perdu leur logement, faute de paiement de leur crédit. «Nous avons également plus de dix cas de divorce en cours actuellement», indique Me Dardouh. Bref, la situation est catastrophique pour ces hommes. D’après Brahim Karfa, «le gouvernement doit intervenir» pour la cause des marins de la Comarit qui n’ont pas perçu de salaire depuis près de trois ans.
Ali Abdelmoula, plus discret que jamais
En dépit des inquiétudes soulevées, cette liquidation ne surprend personne dans le secteur maritime, d’autant plus qu’elle est attendue depuis plus d’un an. Le second mandat de redressement judiciaire obtenu par la Comarit en juin 2013 lui donnait jusqu’au mois d’octobre de la même année pour trouver des solutions, mais hélas cela n’a abouti sur rien.
De son côté, Ali Abdelmoula qui avait promis, fin 2012, de rencontrer le syndicat des marins n’a jamais honoré sa promesse. «Il a coupé tous ses numéros de téléphone depuis très longtemps», assure M. Karfa, ajoutant qu’avec ses collègues syndicalistes, ils cherchent désormais à rencontrer le ministre de tutelle, Aziz Rebbah.