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Grand Angle

Maroc : Les drames se succèdent, les ministres nous rassurent, puis tout le monde oublie [Edito]

Curieusement, le drame de Bourgogne a subitement mis un sacré coup d’accélérateur au vieux projet de code de la construction. Le ministère de l’Habitat vient de le déposer auprès du Secrétariat général du gouvernement. Une action qui en dit long sur la politique de réaction aux drames, dont le Maroc semble devenu spécialiste. Explications.

Publié
Drame de Bourgogne: Les secours transportant le cadavre de l'une des victimes, dimanche 13 juillet.
Temps de lecture: 2'

«Mieux vaut prévenir que guérir», dit un proverbe français. Un adage qui semble cependant s’appliquer dans l’autre sens au Maroc. La semaine dernière, le ministère de l’Habitat et la Fédération des matériaux de constructions (FMC) se sont réunis pour finaliser le projet de code de la construction. Et selon nos confrères de Medias 24, ledit projet «sera incessamment soumis au Secrétariat général du gouvernement [SGG, ndlr]», la dernière étape avant la publication au bulletin officielle.

Cependant il ne s’agit pas d’une réunion de routine, mais bien d’une réaction à chaud aux effondrements de trois immeubles survenus au quartier Bourgogne de Casablanca la nuit du 10 au 11 juillet derniers, faisant 23 morts. Il faut dire que le ministre Nabil Benabdallah a été criblé par les critiques, car le drame de Bourgogne a une fois de plus révélé les lacunes juridiques qui entourent la construction au Maroc, concernant notamment l’identification de tous les intervenants et leurs responsabilités dans l’exploitation des chantiers. Des problèmes qui perdurent depuis des années et auxquels la tutelle a toujours promis de remédier, sans jamais le faire.

Pourtant, le projet tel que présenté à l’époque de son élaboration était considéré comme «l’une des réglementations les plus déterminantes pour le bâtiment», car ses dispositions comblent les grosses lacunes du code actuellement en vigueur. En 2010, le ministère de l’Habitat annonçait sa finalisation pour 2011 «au plus tard». Mais ce n’est qu’en 2013 que le département de Nabil Benabdallah a soumis le texte aux professionnels et apparemment, les pourparlers étaient toujours en cours, puisqu’il a fallu le drame de Bourgogne pour que le projet atterrisse enfin au SGG.

Depuis des années, le même scénario à chaque fois

L’attitude actuelle des autorités fait tout simplement remarquer que la réaction -précipitée- tout de suite après un drame est devenue une politique ancrée que les expériences douloureuses ne changent pas. Et chaque fois, on assiste au même scénario.

On se souvient encore de ce violent incendie survenu au marché de bois dans l’ancienne médina de Casablanca en 2008. Immédiatement, une Commission interministérielle sur la prévention des risques et de la sécurité dans les unités industrielles et des services avait vu le jour. Mais cela a plus ressemblé à un effet d’annonce qu’autre chose, puisqu’en 2012, le bilan était quasi-nul. C'est en tout cas la conclusion imposée par le grave incendie survenu en septembre de la même année à l'ancienne médina de Casablanca, causant d'importants dégâts matériels.

Et ce n'est pas tout. Brandissant des raisons de sécurité en Août 2010, le ministère des Habous et des Affaires islamiques décrétait la fermeture de 1256 mosquées à travers le royaume. Mais il s’agissait là encore d’une réaction à l’effondrement du minaret de la Mosquée Bab Berdieyinne à Meknès faisant 41 morts et 75 blessés.

A quand le changement?

De plus, bien que le risque d’effondrement des habitations de l’ancienne médina de Casablanca était connu de tous - vu le mauvais état des vieilles habitations-, il a fallu que 5 personnes perdent la vie dans l’écroulement d’une maison le 16 mai 2012, pour que le département de Nabil Benabdallah décide de mettre sur pied un service dédié à l’habitat menaçant ruine.

C’est toujours la même chose. Que faut-il donc pour que les ministères travaillent sur la prévention plutôt que réagir dans la précipitation ? Les mêmes drames se succèdent mais à chaque fois ils nous assurent de leur prise de conscience du problème. Mais il semblerait que les Marocains oublient facilement, pour le plus grand bonheur des responsables politiques. 

reponse
Auteur : exilée
Date : le 23 juillet 2014 à 17h46
Sa Majesté le Roi Mohamed 6 fait tous ce qu'il peut et même plus c'est les autres qui ne respecte rien et ne se respecte même pas c'est eux qui font la honte de notre pays cheri,F-T
l Irrèsponsabilitè frein des solutions
Auteur : Benichou idir
Date : le 21 juillet 2014 à 19h37
Comme bien expliqué , les décisions sont prises à la hâte ! réactions à chaud ! maintes fois - SM le roi donne le coup d envoie d un projet quelconque en fanfaron ! et puis rien la corruption ,la mauvaise gestion les mauvaises intentions se chargent du reste ! les problèmes s accumulent ; il suffit qu un responsable change et tout s arrête le nouveau est complètement en désaccord avec le prédécesseur !
plusieurs intervenants , télescopage des intérêts !
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