Après un silence de cinq jours, le gouvernement a été contraint de donner des explications sur l’effondrement de trois immeubles à Casablanca. Mardi à la séance des questions orales à la Chambre des conseillers, le ministre de l’Habitat, Nabil Benabdellah a renvoyé la balle dans le camp des élus locaux et des communes.
Habitat : l’exception casablancaise
Contrairement aux autres grandes villes du royaume où les agences urbaines, confiées à des architectes, sont directement placées sous la tutelle du ministère de la Habitat, à Casablanca c’est un gouverneur, relevant de l’Administration territoriale, qui veille sur ce sensible secteur.
Une anomalie qui explique les grands problèmes que connait le secteur dans la grande métropole, marqués par la prolifération de l’habitat insalubre notamment en période pré-électorale. A Casablanca, des douars poussent comme des champignons à l’approche de chaque consultation électorale, balisant ainsi le terrain à certains potentats locaux pour présider des communes. C’est une vieille recette datant de l’époque de Driss Basri qui permettait à l’Intérieur de façonner, à sa guise, la carte politique de Casablanca.
«Je refuse de présenter ma démission»
Compte tenu de ce contexte particulier, Nabil Benabdellah a précisé qu’il refuse de présenter sa démission à cause de l’effondrement de trois immeubles au quartier Bourgogne. Pour le secrétaire général du PPS, la responsabilité se situe, d’abord, au niveau local. Du coup, il a appelé à éviter les surenchères politiciennes, précisant que son département n’accorde même pas les autorisations de construction à Casablanca.
Le ministre a par ailleurs révélé que le recensement effectué, en 2013, en collaboration avec l’Intérieur, a conclu à l’existence de 43 milles habitations menaçant ruine au Maroc. Laissant de côté la langue de bois, Benabdellah a souligné que le problème de l’habitat menaçant ruine s’amplifie d’année en année, appelant à ne pas induire les citoyens en erreur. Il a reconnu qu’aucun gouvernement n’est en mesure de lutter contre ce phénomène à cause du maigre budget consacré à ce dossier. Selon lui, les 2 milliards dh ne suffisent pas, il en faudrait 10.