Le drame de Bourgogne, effondrement de trois immeubles, 23 morts, une cinquantaine de blessés. Que des victimes restent encore sous les décombre depuis l’effondrement il y a 4 jours est inacceptable, que l’opération de sauvetage se transforme en une simple opération d’extraction de cadavres est juste intolérable… Est-ce une opération si compliquée que cela ou est-ce dû au manque de compétences, professionnalisme, moyens et expérience ? Sommes-nous équipés si un drame ou une catastrophe plus importante nous frappe ?
Où est le hajjam ?
La lenteur de l’opération de sauvetage nous a fait momentanément oublier des visages et des noms qui normalement devaient être sur les lieux, parler de ce drame, se justifier, s’exprimer, s’excuser ou ne serait-ce que montrer un peu d’empathie envers les victimes, leurs familles, leurs voisins.
A part le Roi qui s’est rendu sur les lieux du drame et qui a visité les victimes, le chef du gouvernement ne s’est même pas manifesté. Pareil pour les ministres de l’Intérieur, de la Justice (sauf celui de l’habitat qui est sorti de son silence deux jours après), les élus surtout ceux qui ont fait rêver les habitants de cet arrondissement avec leurs youyous… Silence radio !
Ni responsable, et encore moins coupable
On s’est habitué dans toutes ces catastrophes, aucun responsable n’est tenu responsable. Ils disparaissent tous comme le sel dans l’eau, misant sur cette incroyable capacité de tolérance des Marocains qui prient pour que le prochain drame s’éloigne d’eux et ainsi oublier celui qu’ils vivent dans la douleur.
Je n’exige même plus la démission d’un de ces responsables comme on peut le voir dans d’autres contrées. Car dans un pays qui se respecte, l’Etat respecte d’abord et avant tout la vie de ses citoyens. Chez nous, comme toujours, chacun se renvoi la balle dans le camp de l’autre, personne n’est responsable. On désignera finalement un coupable au dernier niveau de la chaîne, le maillon faible.
Indignation à géométrie variable
Et puis, une pensée à ces militants. Il y a deux semaines, ils se sont révoltés contre un mot venant du chef du gouvernement. Bravo ! Mais personne ne s’est soulevé suite à ce drame qui a fait beaucoup trop de morts. Or nous savons tous l’origine et les coupables.
La maladresse du chef du gouvernement qui ne sait pas choisir ses mots semble être plus révoltante que l’impunité, le mépris, ces âmes qu’on perd à cause de la corruption, le manque de compétence, la négligence. Pourtant ces maux prennent chaque jour une nouvelle forme. Une fois un effondrement, une autre un viol, une agression, un meurtre, un vol. Alors quoi ? Faut-il politiser un drame pour que les militants militent ?
Comme un éternel recommencement
Rappelons qu’en 2012, Casablanca a connu le même drame qui a suscité la mise en place d’un plan «d’urgence». Le Conseil de la ville avait tenu, une session extraordinaire consacrée à l'examen de la problématique qualifiée de grave et urgente, selon les termes des mêmes responsables. 3 000 des habitations menaçant ruine ont été recensées, ce qui représente quelque 72 000 ménages. Le ministère de l'Habitat, de l'urbanisme et de la politique de la ville, à l’époque a identifié les sources de financement et a déterminé les mécanismes de l’intervention en accord avec le ministère de l'Intérieur et la direction générale des collectivités locales afin de mettre en place le dit «plan d’urgence»… Deux ans après, on vit le même drame avec un bilan encore plus lourd que celui d’avant.
Alors que dire, que faire ? Sommes-nous condamnés à la fatalité ? Dans ce cas, contentons-nous de dire : au drame suivant qui nous mettra en colère, et qui aussi vite, disparaitra dans l’air ! Ce ne sont pas que des immeubles qui s’effondrent, des vies détruites, un quartier défiguré, c’est l’avenir de tout un pays que l’on condamne par notre incapacité à nous révolter.