Royaume-Uni : Emission du premier « sukuk » hors du monde musulman

Le Royaume-Uni devient le premier pays non-musulman à émettre un «sukuk» souverain. Le Trésor britannique a, en effet, émis mercredi une obligation d'Etat conforme aux principes de la charia, comme ce qu’il se fait dans les pays musulmans comme la Malaisie, l'Indonésie, l'Arabie saoudite, ou le Qatar. Une opération qui a pour objectif de renforcer la City comme place-forte de la finance islamique selon le gouvernement britannique.

«Le gouvernement a consolidé aujourd'hui la place de la Grande-Bretagne comme plateforme occidentale de la finance islamique en devenant le premier pays hors du monde musulman à émettre un sukuk souverain, l'équivalent islamique d'une obligation», a annoncé le Trésor britannique dans un communiqué diffusé mercredi.

200 millions de livres levés

Selon l’AFP, l'émission de cette obligation d’Etat, devant arriver à maturité le 22 juillet 2019, a permis au Trésor de lever 200 millions de livres, soit environ 250 millions d'euros. Le «sukuk» a suscité une «très forte demande» d'un montant total de 2,3 milliards de livres de la part d'investisseurs «basés au Royaume-Uni et dans les centres majeurs de la finance islamique à travers le monde», souligne le même communiqué.

Des fonds souverains, des banques centrales et des établissements financiers y ont, d’ores et déjà, souscrit. Pour ce qui est du revenu qui sera versé aux investisseurs, il proviendra d’actifs réels «comme la loi islamique l'exige», note de son coté Boursier.com, les obligations classiques étant illicites en islam. «Techniquement, le revenu d'un sukuk n'est donc pas fondé sur une émission de dette. L'investisseur finance un actif tangible, qui va fournir un revenu stable pendant toute la durée du sukuk», explique la même source.

Centre occidental de la finance islamique

George Osborne, le ministre britannique des Finances s'est en tous cas félicité de cette émission qui «répond à l'engagement du gouvernement de faire du pays le centre occidental de la finance islamique». Il a également encouragé les entreprises britanniques à suivre le même modèle en empruntant via des émissions de sukuks. «J'espère que le succès de cette émission gouvernementale encouragera des émissions de sukuk du secteur privé au Royaume-Uni», a-t-il déclaré.

Le Royaume-Uni a déjà sa place dans la finance islamique. Plus de 20 banques britanniques offrent à présent des produits financiers islamiques tandis que 49 obligations islamiques, émises par des sociétés privées ou d’autres Etats, sont déjà cotés à la Bourse de Londres, pour une valeur de 34 milliards de dollars. Selon des chiffres diffusés l'an dernier par le gouvernement britannique, le secteur devrait représenter 1 300 milliards de dollars cette année.