Du nouveau dans l’affaire Adib-Bennani. L’ancien capitaine de l’armée a porté plainte contre le roi Mohammed VI, indique son avocat à l’AFP. Dans le viseur de l’opposant figure également une trentaine de responsables marocains qu’il accuse de «traitements cruels et dégradants», ajoute la même source. Un incident qui risquerait d’aggraver davantage, les relations déjà très tendues entre Rabat et Paris. L’avocat de Mustapha Adib précise que la plainte a été déposée après que son client ait pris connaissance de la présence de l’ex-n°2 de l’armée marocaine alité à l’hôpital Val-de-Grâce.
Paris multiplie les gestes d’apaisements
La colère des officiels de Rabat suite à la tentative de Adib de pénétrer dans la chambre de Bennani, preuve en est la convocation de l’ambassadeur français par le patron de la DGED, une entrave aux us diplomatiques, a contraint les autorités françaises à réagir. Le vendredi, elles ont placé l’ex-capitaine en garde à vue.
Le même jour «le chef d’Etat-major du président de la République s’est rendu au chevet de notre hôte marocain. Nous ne transigeons pas sur la sécurité des personnalités qui se trouvent sur notre sol» a assuré, dans une déclaration à la presse, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, précisant qu’«il est totalement anormal qu’une haute personnalité marocaine, qui vient en France pour des traitements médicaux, se voie délivrer des lettres menaçantes». Et ce n’est pas tout, Paris a ordonné l’ouverture d’une «enquête» et «pris les mesures de protection nécessaires» pour que ce genre d’incidents ne se reproduise plus.
Que fera la justice française avec la plainte d’Adib ?
En dépit de ces messages qui se veulent rassurants adressés au Maroc, il demeure que le pouvoir judiciaire en France est indépendant de l’exécutif. Laurent Fabius, au lendemain de l’affaire Hammouchi, a insisté sur ce principe qu’il a d’ailleurs transmis, lors d’une communication téléphonique, à son homologue marocain.
Néanmoins, la justice de ce pays est dans une situation délicate : Instruira-t-elle la plainte de l’ancien capitaine de l’armée, pendant l’hospitalisation du général Bennani, ou fléchirait-elle aux contraintes des intérêts politiques en temporisant jusqu’à son départ de l’hôpital Val-de-Grâce ?
Cette deuxième option permettrait, au moins, au général Bennani de poursuivre son hospitalisation dans le calme et ainsi, lui épargner le même sort d’un autre général, l’Algérien Larbi Belkheir, ancien ambassadeur à Rabat. En effet, en octobre 2008, celui-ci a été contraint, dans la précipitation, de quitter sa chambre à l’hôpital Val-de-Grâce pour échapper à une comparution devant un magistrat français qui enquêtait sur l’assassinat, en 1987 à Paris, de l’opposant kabyle, Ali Mecili.