Comme l'explique son entraîneur, pour pouvoir courir, ce jeune se bat, prend le train et le bus pour sortir son vélo. Depuis trois ans, son club de Marrakech le fait participer à des courses au Maroc, ou depuis le début de la saison, il a déjà remporté 10 courses. Depuis peu, il court dans la classe séniors, contre des coureurs de l'équipe nationale – dont il ne fait pourtant pas partie. Mais cela reste un objectif.
Michel Fromont en a d'autres encore pour son protégé. Cet ancien coureur professionnel français et dénicheur de talents habite le Maroc depuis 4 ans. A sa retraite, il a décidé d'apporter un plus à sa vie et de partager son savoir en devenant entraîneur de l'équipe cycliste du KAC Kénitra. Il explique comment il a connu Abdellah, qu'il surveille depuis 9 mois : «J'ai découvert sur les courses régionales un jeune Marocain, de 19 ans, avec un potentiel énorme». Ce «super grimpeur» n'aurait cependant pas encore pu démontrer son don, car au Maroc, il n'y a pas d'étapes qui finissent en haut d'un col. C'est pourtant là qu'un grimpeur peut faire éclore son talent..
Mais si ce n'est possible au Maroc, pourquoi ne pas viser plus haut? C'est la démarche de son coach, qui se bat pour envoyer son protégé, pour lui «une futur vedette dans le cyclisme marocain», sur l'étape mythique du tour de France : l'étape de Pau amateur, une étape qui est couru lors d'une journée de repos de la course professionnelle. « Avec 3 cols a franchir, Marie Blanque, le Soulor, et le Tourmalet, arrivée au sommet», ce serait le terrain idéal pour qu'Abdellah prouve son talent.
15 à 20 jours de décryptage des cols de la course suffiraient pour préparer ce coureur à grande intelligence de course à cette étape. Et si cela marche, pourquoi pas frapper aux portes de l'équipe Cofidis? Selon M.Fromont, le directeur sportif de Cofidis, Bernard Kilfen, aurait déjà proposé de suivre le coureur sur l'étape.
Cela montre qu'aussi invraisemblable que l'histoire puisse paraître, les soutiens se mettent en place. A commencer par la présidente du club de Marrakech et de son mari, par l'entraîneur Froment, qui a, lui, établi un contact avec Pascal Feix, de vélo magazine, à travers qui Abdellah obtiendrait un dossier du groupe média Amaury ASO – indispensable pour un coureur. D'autres sponsors seraient les bienvenus. Comme l'indique l'entraîneur, si, par exemple, «la compagnie Air Arabia ou Comarit pouvaient m'aider pour son transfert, cela serait un beau geste commercial».
Mais la première étape à franchir sera peut-être la plus dure : obtenir passeport et surtout visa. Pour arriver au Tourmalet, il faut d'abord passer le col administratif de l'ambassade de France au Maroc.