Marrakech a accueilli du 1er au 3 juin derniers, la 37ème session de l’Organisation internationale du sucre (OSI), dont le Maroc assure la présidence pour l’année 2010. A cette occasion, Mohammed Fikrat, président directeur général de la Cosumar et nouveau président de l'OSI, a déclaré que chaque Marocain consomme environ 35 kg de sucre par an. Un total de 1,16 million de tonnes de sucre est consommé annuellement, ce qui place le Maroc au 5e rang des grands consommateurs en Afrique. Le Royaume produit surtout de la betterave sucrière (35%) et seulement 10% de canne à sucre. Cette production locale ne couvre que 45% des besoins du pays. Les 55% restants sont achetés à l’étranger, à l'état brut, ce qui fait du Maroc, le 4e plus gros importateur d’Afrique avec un volume se situant entre 650 à 700 000 tonnes de sucre brut par an.
Il y a peu, l'Economiste concluait que le Maroc n'était pas assez auto-suffisant en matière de production de sucre. Mais une autre conclusion s'impose : ces chiffres reflètent une tendance à l'utilisation excessive de sucre dans l’alimentation au Maroc. Résultat, même s’il est loin d’être le seul responsable (en général les causes du diabète n’ont pas d’explication logique), l’excès de sucre dans l’alimentation accroit le risque de diabète dit «insulinodépendant». Le pancréas des personnes atteintes de ce type de diabète ne secrète pas d’insuline, une hormone qui régule la concentration de glucose dans le sang. Le surpoids et l’absence d’activités sportives favorisent également le diabète.
Les prévisions en hausse
En 2000, d’après des statistiques du ministère de la Santé, 6,6% des Marocains de plus 20 ans étaient diabétiques, soit un million de personnes, dont 120 000 sont insulinotraités. Parmi ces diabétiques, plus de 50% méconnaissaient leurs maladies et seuls 300 000 étaient pris en charge par le ministère de la Santé. En 2005, le nombre de diabétiques était près de 2 millions. Trois années plus tard, la dernière étude épidémiologique réalisée en 2008 sur des personnes de plus de 20 ans, a estimé la prévalence du diabète à 10%. Ce taux pourrait dépasser les 10% pour les sujets âgés de plus de 50 ans. Cette année-là, on évoquait alors près de 3 millions de cas dont 100 000 à 150 000 sont insulinodépendants.
D’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le nombre de diabétiques dans le monde devrait augmenter rapidement d’ici 2030 pour dépasser 370 millions. Ce chiffre correspondrait à un accroissement de 110% par rapport au nombre de patients recensés en 2000. Les pays en voie de développement connaitraient, à la même date, près de 284 millions de diabétiques. Le Royaume ne serait pas épargné par cette tendance haussière.
Mesures et préventions encore insuffisantes
Taxé parfois de mal du siècle, le diabète est une maladie chronique. La pathologie peut causer plusieurs graves complications comme l’insuffisance cardiaque, les maladies cardiovasculaires, l’infarctus, les accidents vasculaires cérébraux, la néphropathie, la gangrène et les amputations des membres inférieurs, … Afin de réduire la morbidité (rapport qui mesure l'incidence et la prévalence d'une maladie) et la mortalité liées aux complications du diabète, le ministère de la Santé a établi un programme dont une partie a déjà été réalisée, et le reste srerait en cours (2009-2012).
Un total de 41 structures provinciales de prise en charge (PEC) est installé à travers le pays, soit 75% de l’objectif de 56 structures. De même, il existe un système de surveillance épidémiologique du diabète, un partenariat avec des ONG luttant contre le diabète. La célébration de la journée mondiale du diabète (le 14 novembre de chaque année) est aussi une occasion d’organiser des activités pour la lutte contre le diabète.
De 2009 à 2012, le département de la santé a prévu de créer d’autres PEC pour les enfants diabétiques et renforcer certains PEC existants avec du matériel. Il est prévu en outre de renforcer le partenariat, l’éducation, la formation et la communication pour sensibiliser, ainsi que la surveillance épidémiologique.
Face à l’urbanisation de plus en plus accrue, une mauvaise hygiène de vie et une mauvaise alimentation, la disparité d’accès aux soins en milieu rural et urbain, les mesures entreprises s’avèrent insuffisantes. Les pouvoirs publics doivent s’impliquer davantage dans la lutte contre le diabète, en commençant par chercher à réduire la quantité de sucre consommé par la population. Pour ce faire, il faut envisager avec les industriels, la diminution de sucre dans les aliments. Il faut insister également sur la sensibilisation des Marocains avec des messages pédagogiques, en mettant à contribution les restaurateurs, les établissements scolaires, la grande distribution…
Car malgré tout, le diabète continue de se propager. Sachant que cette maladie aggrave l’invalidité, engendre de coûts médicaux élevés, provoque une diminution de l’espérance de vie, il est grand temps de trouver de nouveaux moyens pour freiner son avancée.