Le 27 mai, le chef du gouvernement révélait, lors de son passage à la Chambre des représentants, les dates des prochains rendez-vous avec les urnes. Jamais auparavant, un premier ministre n’a fait pareille annonce, de surcroît devant les députés et transmise en direct par Al Oula. Une initiative qui a donné des raisons aux partisans du PJD d’espérer voir Benkirane gérer tout le processus électoral.
Le ministre de l’Intérieur marque son terrain
Finalement, ces attentes ont été vite dissipées par les récentes déclarations du ministre de l’Intérieur. Mohamed Hassad a précisé devant la même Chambre que son département lancera la révision des listes électorales en janvier 2015, scellant ainsi la mise à l’écart définitive de la présidence du gouvernement. Une opération souvent décriée par certains partis politiques, dont le PJD du temps où il était dans les rangs de l’opposition. Benkirane vient, en effet, de subir le même sort que ses prédécesseurs.
Pour rappeler qu’il est bien le maître à bord, Hassad a garanti la transparence des élections, au passage il s’est permis d’attribuer tout retard dans l’organisation du scrutin aux formations politiques. «90% du bon déroulement de l’opération incombe aux partis», a-t-il souligné.
Benkirane craint des dérapages similaires à ceux de 2009
Quelques jours avant l’intervention officielle du titulaire de l’Intérieur au parlement, Abdelilah Benkirane, bien au courant de la nouvelle tournure des événements, a réagi. Ainsi, dimanche à Rabat, à l’occasion d’une réunion avec les présidents islamistes de communes (environ 80), le chef du gouvernement a émis des doutes sur les conditions de préparation des prochaines communales et dit craindre un retour du spectre du contrôle, comme c’était le cas en 2009.
Pour faire face à une telle perspective, le PJDiste a appelé ses fidèles à combattre ces forces de l’ombre qui projettent de «dominer le pays». Un discours qui renvoie au bras de fer engagé, depuis cinq ans, entre le PJD et le PAM de Fouad Ali El Himma, autour de la présidence des mairies des grandes villes du royaume. Une bataille qui a tourné en faveur du parti du Tracteur mais dans des conditions peu démocratiques selon certains politiques. Mais en dépit de ce forcing, les islamistes avaient pu arracher des succès notables à Casablanca et Rabat.