La proposition de loi, déposée par l’Istiqlal à la Chambre des représentants, visant la légalisation de la culture du kif est menacée en premier lieu par le PJD. Les islamistes se préparent à voter contre le texte du groupe de la Balance. La tactique des «frères» de Benkirane est simple : venir, le jour du vote, en nombre assez important pour enterrer l’initiative de leurs ennemis istiqlaliens. Et sur le point de la discipline et du respect des ordres de leur hiérarchie, les PJDistes ont une nette et confortable longueur d’avance sur les élus des autres formations politiques.
L’Istiqlal demande le soutien de la majorité et de l’opposition
Parfaitement conscient de ce rapport de force en sa défaveur, Noureddine Moudiane, le président du groupe du PI, a demandé aux membres de ladite commission de soutenir la proposition de loi élaborée par son parti. Un appel qui a peu de chance d’être entendu, notamment de la part des groupes de la majorité gouvernementale. Le PPS, le MP, le RNI ne sont guère convaincus de l’utilité d'adopter un texte légalisant la culture du cannabis, même si il ne concernerait que la région déjà autorisée par le Dahir royal de 1917, à savoir Ketama et ses environs. Une autorisation, toutefois conditionnée en son temps, par la vente exclusive du produit à la société Régie Tabac.
Ces formations, au même titre que le PJD, ne souhaitent pas accorder aux itstiqlaliens une opportunité d’asseoir leur popularité dans le Nord-Est du royaume à quelques mois de l’échéance des prochaines élections communales, prévu au printemps 2015. Ce sont ces calculs politiques qui seront, à coup sûr, à l’origine de l’échec de cette initiative.
Le PAM en concurrence avec l'Istiqlal sur le kif
Et les partis de la majorité ne seront pas seuls à vouloir barrer la route au texte du PI. Le PAM, pourtant dansl’opposition, n’est pas sur la même longueur d’onde que les amis de Hamid Chabat. Le parti du Tracteur ne voit pas d’un bon œil la mobilisation des istiqlaliens alors même que les PAMistes se considèrent comme les premiers à avoir soulevé ce dossier lors d’une journée d’étude, organisée le 11 décembre dernier.
En réalité, les deux partis se livrent une concurrence sur cette question. Les deux ont présenté les mêmes propositions de loi : en demandant la légalisation de la culture du kif et une autre sollicitant la grâce aux milliers d’agriculteurs de la plante. La question maintenant et de savoir qui en récoltera les fruits ?