Les demandes émanant de pays africains pour solliciter un encadrement de leurs imams et prédicateurs par le Maroc inquiètent certains pays de la région. Hier, à l’occasion de la réunion de la commission des Affaires étrangères à la Chambre des représentants, le ministre des Affaires islamiques, Ahmed Taoufiq, a lancé un appel à ces Etats : «s’ils ne souhaitent pas nous aider qu’ils s’abstiennent de nous perturber».
La Mauritanie et l’Algérie dans le viseur du ministre
Au pays du général-président Mohamed Ould Abdel Aziz, certains religieux proches du pouvoir, avaient dénoncé le choix de la république du Mali de faire appel au Maroc pour la formation de 500 imams, arguant qu’ils étaient mieux placés pour assumer ce rôle. Une position qui n’est que la conséquence des relations politiques crispées, depuis trois années, entre Rabat et Nouakchott. Quant au voisin de l’est, il voit constamment d’un mauvais œil tout leadership religieux du royaume en Afrique.
La dernière demande émanant du conseil supérieur des musulmans du Nigéria au roi Mohammed VI pour la formation d’imams a constitué une surprise pour les autorités algériennes. Elles ne s’attendaient pas du tout à une telle initiative d'un pays réputé proche d'Alger. Elles craignent qu’un rapprochement de la communauté musulmane avec le Maroc ne soit le prélude à un réchauffement des relations entre Abuja et Rabat.
Le Maroc n’a pas de « projets expansionnistes» en Afrique
Le ministre des Affaires islamiques a profité de la réunion à la Chambre basse du parlement pour adresser un message aux deux voisins afin de dissiper leurs craintes. Ahmed Taoufiq a notamment précisé qu’en agissant de la sorte, le royaume n’est nullement animé par la réalisation de «projets expansionnistes» ou d'«intérêts stratégiques» en Afrique.
Le responsable a reconnu que le Maroc et les pays demandeurs de son expertise religieuse partageaient les «mêmes référentiels», estimant que l’initiative du royaume servira essentiellement l’islam en Afrique. Le passage du ministre devant les députés a également été l’occasion pour lui de louer l’ouverture des religieux marocains, précisant qu’il parlait exclusivement des membres du Conseil supérieur des oulémas. Une manière de se désolidariser des appels takfiristes et de fatwas étranges de certains prédicateurs du net.