Presque huit mois après le discours du roi Mohammed VI devant le parlement, consacré en partie à Casablanca, la police se décide, enfin, à ouvrir la boîte de Pandore. Hier, la Brigade nationale de la police judiciaire a entendu un membre du conseil de la ville, Abdelkrim Hazraf, issu du PJD. C’est la deuxième fois au cours de ce mois que la BNPJ invite l’élu islamiste dans ces locaux. Une source proche du dossier nous a confié que les investigations pourraient affecter une trentaine de conseillers locaux de la capitale économique.
Une affaire qui remonte à fin mars
Il faut dire que l’homme, à en juger par ses déclarations à la presse et lors de réunions des commissions de la mairie, s’est toujours montré disposer à étayer ses dires par des documents, indiquait le quotidien Assabah dans son édition du 5 mai. Justement au cours de l’une d’elle, tenue le 25 mars dernier, Hazraf a demandé la constitution d’une commission d’enquête sur les circonstances dans lesquelles un lot de terrain de 399 m2 appartenant au domaine de la mairie a été cédé à une personnalité influente de Casablanca.
Mais cette affaire ne serait que la face visible de l’iceberg. Hazraf avance qu’il serait en possession de preuves sur des dossiers impliquant plusieurs élus dans des cas de corruption, de lots de terrains en plein centre de Casablanca cédés à des prix défiant toute concurrence à quelques privilégiés et de projets confiés à des proches de responsables locaux.
Jusqu’où iront les investigations ?
L’enquête de la Brigade nationale de la police judiciaire avec le conseiller du PJD vient juste de commencer. Il est très difficile de pronostiquer, pour le moment, jusqu’où elle ira et les têtes qu’elle ferait tomber, tant il y a des paramètres qui entrent en jeu. La proximité des élections communales de 2015 desservira-t-elle les investigations de la BNPJ ? Et il en est de même pour la couleur politique du conseiller Abdelkrim Hazraf, élu PJD, parti qui ne peut se dédouaner entièrement des problèmes que connait Casablanca. La formation islamiste est membre de la majorité qui dirige la grande métropole depuis 2003. Ses membres sont encore à la tête d'importantes commissions au conseil de la ville.