Avec 10% du nombre total de refus de visas européens en 2013, le Maroc est le quatrième pays au monde dont les demandes de visas ont été le plus rejetées. C’est ce que révèle le rapport 2014 de l’agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures, Frontex. A noter que le Maghreb est la région du monde la plus touchée par le rejet de demandes de visas. En effet, l’Algérie inaugure le top 20 avec 27% du total des refus de visas, quand la Tunisie précède le royaume chérifien au 3ème rang avec un peu moins de 20%.
Hausse de 23% des refus d’entrée en UE
Outre cela, le rapport de Frontex fait également état des refus d’entrée en Union européenne prononcés aux différentes frontières terrestres, aériennes et maritimes de la zone. Il en ressort que l’an dernier, les Marocains ont été concernés par 5 049 cas de refus d’entrée dans un pays de l’UE, contre 3 934 l’année précédente, soit une hausse de 28%, révèle le rapport 2014 de Frontex. Ce qui fait du royaume, le sixième pays au monde recevant le plus de refus d’accès à l’UE.
La majorité de ces refus (3 615) a été émise via les frontières terrestres (avec les enclaves de Ceuta et Melilla), le reste au niveau des frontières aériennes et maritimes. Et les raisons motivants les forces sécuritaires européennes sont multiples. En tête, le rapport cite l’absence de documents valables pour les candidats à l’immigration, puis la non-détention de visas ou de cartes de résident. D’autres Marocains se sont vus refuser l’entrée en Europe pour inexistence de documents appropriés justifiant l'objet et les conditions du séjour ou encore pour possession de passeports, de visas ou de cartes de résident falsifiés. Selon le rapport, cette dernière pratique concernait beaucoup plus les migrations par voie maritime. «Les documents frauduleux ont essentiellement été détectés à Ceuta et Melilla, où les Marocains utilisaient de fausses cartes d’identité et permis de séjour espagnols, ainsi que des passeports marocains contenant des visas qui semblaient valables», expliquent les auteurs du rapport. En revanche, d’après le document de Frontex, les entrées irrégulières des Marocains au sein de l’UE restent faibles, en dépit d’une legère augmentation à 33 cas en 2013, contre 24 l’année précédente.
2ème communauté d’immigrés irréguliers
Un autre point à relever est celui de la résidence irrégulière. Et là encore, les Marocains ne font pas bonne figure. En 2013, nos MRE sont au nombre de 26 250 identifiés sans titre de séjour valable. Un chiffre en augmentation 23% par rapport à 2012, alors qu’il avait baissé pendant deux années consécutives. Toutefois, Frontex n’explique pas les raisons de ce rebondissement. Ces chiffres font des ressortissants marocains la deuxième communauté d’immigrés irréguliers en zone européenne après les Syriens et loin devant les Algériens (7ème) et les Tunisiens (10ème).
Dans de tels cas, les autorités européennes optent généralement pour le retour des migrants dans leurs pays d’origine. Ainsi, sur 12 486 décisions de rapatriement prononcées en 2013, seuls 6 758 ont effectivement rejoint le royaume. Et Frontex précise que 2 943 d’entre eux concernaient des retours de force.
Il faut dire qu’avec la crise, la situation de bon nombre de Marocains en Europe s’est dégradée. D’aucuns se sont retrouvés au chômage et dans la majorité de ces pays, perte d’emploi est synonyme d’incapacité à renouveler le séjour, comme c’est le cas en Espagne notamment. Aux MRE de ce pays en particulier, le gouvernement marocain avait promis de l'aide, mais celle-ci n'a jamais été effective.
Depuis l’an dernier, Rabat est en négociation avec Bruxelles, mais les pourparlers concernent plus la question de visa. Celle-ci semble d’ailleurs être abordée dans le bon sens, puisque la Commission européenne affichait déjà sa volonté d'assouplir de manière générale ses procédures d’octroi de visas Schengen. Mais l’UE pourrait faciliter l’accès des Marocains à ces visas à condition que le royaume chérifien accepte de signer un accord de réadmission de tous les immigrés irréguliers de l’UE passés par le Maroc.