Depuis la crise économique en l’Europe, plusieurs pays sont confrontés à un taux de chômage élevé et une croissance du nombre de pauvres. L’Espagne, le Portugal ou encore la Grèce sont parmi les plus touchés. Aujourd’hui, ils sont plus de 5 000 sans papiers espagnols à avoir rejoint la ville de Tanger à la recherche d’emplois. Selon Economia Digital, le taux de chômage dans le sud du pays ibérique dépasse les 30%, une situation qui favorise de plus en plus l’immigration espagnole vers ce qu’ils considèrent comme l’Eldorado marocain.
«Il y a environ 5 000 travailleurs espagnols sans papiers dans la région - Tanger -, beaucoup d'entre eux occupent des postes qualifiés. S'ils n'obtiennent pas de titre de séjour, ils partent en Espagne et reviennent immédiatement au Maroc pour continuer à travailler sans contrat», explique le spécialiste dans les échanges économiques et les affaires entre l'Europe et le sud de la Méditerranée, Anwar Zibaoui.
Et qui l’aurait cru ? Cet inversement des rôles semble normal d’autant plus que les ports espagnols d’Algesiras et de Barcelone sont vivement concurrencés par Tanger Med et sa zone franche. Preuve est le nombre d’entreprises étrangères qui s’y installent.
Un travail au noir facilité par l’exemption de visa pour les espagnols
Cette augmentation de l’immigration irrégulière espagnole est pourtant bien connue des autorités consulaires ibériques, explique Economia Digital. Et les autorités marocaines n’ignorent pas non plus cette situation, mais elles semblent la tolérer. Elles reconnaissent que la région est en train de recevoir un plus grand nombre de travailleurs en situation irrégulière, mais elles expliquent que le processus de régularisation a commencé à empêcher le travail non déclaré dans le pays.
«Chaque fois ils sont plus nombreux à venir. Certains obtiennent un poste déclaré alors que d’autres travaillent au noir en profitant de l'exemption de visa», explique une entrepreneuse espagnole qui dirige un petit hôtel à Tanger. Mais ces mouvements ne sont pas que l’œuvre des Espagnols, elle concerne également les Marocains qui quittent les pays européens. «Beaucoup de Marocains reviennent au pays parce que le marché du travail se porte mieux. On va construire plus de 20 écoles, une usine de traitement des déchets, on va rénover toutes les mosquées et le centre ville historique et les anciennes fabriques seront déplacées», explique le délégué régional de Tourisme, Mustapha Agounjabe.
Ces projets devraient conférer un nouveau rôle à la ville dans la Méditerranée. Fin 2013, le roi Mohammed VI avait lancé plusieurs nouveaux projets pour moderniser Tanger qui sera reliée au reste du pays par le TGV. Ce plan de modernisation inclut notamment la construction d'autoroutes, d’une cité sportive, d’un port de plaisance et de croisière ainsi que l'agrandissement du port Tanger Med. Il a bénéficié d’une enveloppe de 7,6 milliards de dirhams. D’ici 2017, la ville du détroit devra s’atteler à la réalisation de ces projets pour se hisser au niveau des grandes métropoles internationales.