Polémique RAM/Personnes handicapées : La compagnie renonce aux poursuites, mais sa cliente ne lâchera pas

Royal Air Maroc semble vouloir éteindre le feu attisé par sa menace de poursuite judiciaire contre Amina Slaoui, une cliente mécontente qui a dénoncé le mauvais traitement des personnes à mobilité réduite (PMR). D’après l’hebdomadaire Telquel qui cite «un responsable de la compagnie», la RAM aurait renoncé à toute action en justice, assurant que sa menace n’était qu’une «mise en garde contre le fait d’avoir publié des photos l’accusant faussement».

En effet, le 6 mai dernier, Amina Slaoui – présidente de l’Amicale marocaine des handicapés – publiait sur son compte Facebook des images de fauteuils roulants au dossier déchiré, repose-pieds inexistant, main courante défectueuse, etc. L’une des chaises portait l’inscription «RAM» en rouge, indiquant qu’elle appartenait à la compagnie marocaine. La cliente était d’autant plus déçue que les réclamations liées au traitement des personnes handicapées ne datent pas d’aujourd’hui.

La communication de la RAM laisse dubitatif

De son côté, la RAM s’était montrée très «choquée», selon les termes employés par un responsable autorisé au sein de la compagnie, contacté par nos soins. Il affirmait que les images de Mme Slaoui sont «truquées», soutenant que RAM dispose d’une quarantaine de chaises roulantes portant toutes l’étiquette avec son logo. Le responsable assurait également que le groupe aérien renouvelle son équipement «une à deux fois par an», la dernière acquisition datant de «l’été 2013».

Chose curieuse cependant, RAM a publié sur sa page Facebook des images de sa quarantaine de nouveaux fauteuils roulant le 7 mai, au lendemain des publications de Mme Slaoui. La compagnie a également mis en place un stand, ainsi qu’un espace d’attente pour les PMR. C’est «un vrai miracle ! Rien n'a été fait depuis l'année dernière et un jour après le dépôt de ma lettre de réclamation, 40 nouveaux fauteuils tout neufs sont distribués», commente-t-elle.

«Comment aurais-je pu trafiquer les images depuis mon téléphone ?»

Face au renoncement de la RAM à d’éventuelles poursuites judicaires, Amina Slaoui se demande s’il elle doit «remercier» la compagnie ou lui «présenter ses excuses». «Je continue d'affirmer que ce que j'ai dit jusqu’ici est vrai», affirme-t-elle à Yabiladi. Il faut dire que son témoignage a été appuyé par plusieurs autres internautes qui rapportaient leur propre expérience ou celle de leurs proches d’il y a deux, trois semaines, voire quelques mois.

«Je ne vois pas comment j’aurais pu trafiquer les photos depuis mon téléphone», indique Mme Slaoui précisant que sa plainte n’est «en aucun cas une attaque contre une personne». «Il ne s’agit que d’une réclamation d’amélioration des services», dit-elle avant d’ajouter comme dépassée : «Je n’ai jamais vu une compagnie qui réagit à une réclamation par une poursuite judiciaire. C’est le pire exemple de communication qu’une entreprise puisse donner».

Lutte pour le respect des droits des PMR

Selon Amina Slaoui, le plus important ici, c’est le respect des personnes handicapées. «Bien plus, il s'agit également du respect de leur intégrité physique et donc de leur sécurité», dit-elle. Cette cliente de la RAM n’a pas encore décidé de ce qu’elle fera exactement pour mettre la compagnie face à ses responsabilités, mais assure : «je ne laisserai pas tomber, non seulement en tant que personne, mais aussi en tant que militante associative».