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Grand Angle

Maroc : La probable reconduction de la ligne de crédit du FMI, entre effet positif et critique

Hier, lundi 12 mai, le ministre marocain de l’Economie et des Finances, Mohamed Boussaid a indiqué à la presse la volonté du Maroc et du FMI de renouveler la ligne de précaution et de liquidité (LPL). Immédiatement, cela s’est traduit par une baisse du risque de crédit, la plus forte depuis trois ans. Cependant tout cela suscite des réactions contrastées.

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Le coût de l'assurance contre un risque de défaut sur la dette du Maroc libellée en dollars a chuté de 15 points de base hier à 178, selon les données obtenues par le site d’information financière Bloomberg. Il s’agit du plus bas niveau de risque de crédit du royaume depuis 2011, relatif à ses sorties sur le marché international. De quoi conforter le gouvernement?

Cette baisse intervient juste après l’annonce par le ministre de l’Economie et des Finances, Mohamed Boussaid, de la probable reconduction de la ligne de précaution et de liquidité (LPL) de 6,2 milliards de dollars octroyée au royaume en 2012 par le Fonds monétaire international (FMI). «Nous voulons la renouveler et le FMI en a également exprimé le désir», a affirmé le ministre, lundi dans une interview réalisée à Amman.

Gouvernement et FMI parlent le même langage

En février dernier déjà, le FMI annonçait la couleur. Son Conseil d’administration avait confirmé l’éligibilité du Maroc à la LPL. Et c’est dans ce sens que la directrice générale, Christine Lagarde s’est exprimée lors de sa visite au royaume la semaine dernière, saluant la «grande intelligence et le grand discernement» dont le Maroc fait preuve dans l'usage de cette ligne. C’est «un signal fort vis-à-vis des investisseurs et de ceux qui refinancent la dette, et un indicateur que le pays peut s’engager sur la voie des réformes importantes et respecter ses engagements budgétaires», a-t-elle indiqué. Rappelons qu'en réalité, le royaume n'a pas encore débloqué de fonds dans le cadre de cette LPL. En fait, elle fait office de réserve dans laquelle l'Etat chérifien pourra puiser en cas de force majeur. 

De son côté, Rabat se réjouit de la probable reconduction de la LPL. Pour le ministre des Finances, la reconduction de la LPL «constitue une assurance pour notre pays contre d’éventuels risques de dégradation accrue de l’environnement international et, ce faisant, contribuera à renforcer davantage la confiance des investisseurs et des partenaires financiers étrangers».

Réserve des économistes marocains

Actuellement, le rendement sur l’emprunt obligataire de 1,5 milliards de dollars contracté par Rabat en décembre 2012 arrivant à échéance en 2022, a légèrement changé à 4,38%. Il est ainsi proche de son niveau le plus bas depuis mai 2013, selon les données de Bloomberg. Des économistes au Moyen Orient estiment qu’actuellement le royaume est «structurellement fort», même si des efforts politiques restent à faire.

Mais au Maroc, certains économistes estiment que l’engouement de l’Etat pour le financement international lui fait perdre sa souveraineté. C’est ce qu’a déclaré Najib Akesbi à plusieurs reprises, s’exprimant à ce sujet. Sa réaction était la même en 2013, lorsqu'à cours de finances, le Maroc a émis un nouvel emprunt d’un montant de 750 millions de dollars. Même si le FMI et le gouvernement estiment que la ligne de crédit de 6,2 milliards de dollars permet de maintenir la confiance des bailleurs de fonds, pour M. Akesbi, il s’agit d’une «supercherie». Car, «le Maroc supporte depuis deux ans le coût d’une ligne de crédit sur laquelle il n’a pas encore tiré un seul dollar», affirme-t-il. De plus, ajoute l’économiste, le «dispositif de conditionnalité» est tel que lorsque le gouvernement aura besoin d’utiliser cet argent, «le FMI exigera évidemment une autre batterie de conditions pour autoriser le déblocage des fonds».

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