C’est dans un entretien téléphonique avec RFI qu’Abu Hamza dévoile les dessous de son voyage en terre syrienne pour combattre les troupes de Bachar Al Assad. Ce père de famille de 46 ans se bat depuis un an à Lattaquié avec ses cinq enfants au sein du groupe jihadiste «l’Etat Islamique en Irak et au Levant» (EIIL) parce que, pour lui, le jihad se conçoit en famille.
Ainsi, après quatre ans de prison, l’ancien détenu libéré fin 2011 part en Syrie avec toute sa famille six mois plus tard. Mais c’est seulement une année après qu’il foulera le sol syrien. «Je suis rentré le 25 février 2013 en Syrie. J’ai souhaité vivre cette expérience en famille sous la bannière de l’État Islamique en Irak et au Levant, pour participer à sa construction et pour que l’islam soit notre voie», explique le jihadiste à RFI. Si les enfants sont partis combattre, c’est parce qu’ils étaient déterminés. Ils «sont venus avec moi sans problème parce qu'ils sont convaincus. Ils ne travaillaient pas, ils étaient tous étudiants. La maman nous a suivis. On est toujours là sains et saufs».
Les Marocains retournent dans leur pays à cause des combats fratricides
S’il salue cette détermination familiale, Abu Hamza déplore en revanche la division des groupes jihadistes. En effet, l’EIIL et le Front al-Nosra, la branche officielle d’Al-Qaïda en Syrie, se livrent une guerre fratricide pour le contrôle du pays. Pour lui, c’est la raison du retour des combattants marocains dans leur pays même si de nouveaux jihadistes regagnent encore les zones de conflits. «J’ai décidé de ne pas m’en mêler en attendant que les choses deviennent plus claires. Malgré les problèmes qui se multiplient et malgré la discorde, des Marocains continuent de venir en Syrie, et moi j’y crois toujours», souligne-t-il.
«Malgré les combats fratricides et tout ce qui se passe aujourd’hui, cela reste une certitude pour moi. C’est notre devoir et il est certain que nous allons libérer la Syrie», croit-t-il. Abu Hamza estime qu’à cause de cette guerre fratricide et des désaccords entre les factions, beaucoup de Marocains prennent le chemin du retour vers le Maroc. En tout cas, ce jihadiste ne compte pas remettre les pieds au Maroc. «…car je sais très bien ce qui se passe au Maroc, il y a beaucoup d’injustice», déplore-t-il.
Si aucun chiffre exact n'a été jusque-là obtenu, différentes sources affirment que plus d'un millier de Marocains sont partis combattre en Syrie. Certains ont été directement interpellés lors de leur retour au Maroc.