Afin de mieux appréhender ce rendez-vous avec les élus de la nation et les médias, Abbas El Fassi a décidé de faire appel à des professionnels de la communication institutionnelle et grand public pour adresser un message fort aux opinons publiques. Contesté, fragilisé voire isolé, le 1er ministre a, semble-t-il, voulu «verrouiller» sa première (grande) sortie. Histoire de minimiser les risques.
Du coup, c’est une équipe du département ministériel de Brice Hortefeux qui a été dépêchée au Maroc et «mandatée» pour conférer des conseils en matière de communication au locataire de la Primature. Le tout piloté par Nizar Baraka, ministre en charge des Affaires économiques et générales, homme de confiance (et gendre) de Abbas El Fassi, Istiqlalien de son état et homme de dossiers.
C’est dire l’importance que revêtait l’exercice de démocratie directe auquel s’est prêté Abbas El fassi, lundi 17 et mardi 18 mai 2010 devant les députés de la première Chambre (Chambre des Représentants), puis face aux Conseillers (sénateurs) de la deuxième Chambre, au Parlement. Un exercice que n’affectionne pas particulièrement le Secrétaire général de l’Istiqlal.
Très attendu par l’opposition, Abbas El Fassi a suivi à la lettre la méthodologie des «chargés de mission» français en passant en revue les actions menées par les différents ministères pour contrer les critiques et faire taire ceux qui déploraient l’absence de communication du gouvernement depuis son installation.
Reste que l’opposition, relativement atypique, composée du parti Authenticité et Modernité (PAM) et du parti Justice et Développement (PJD) se montrait…critique devant l’offensive de Abbas El Fassi.
Pour rappel, ces deux formations n’avaient cessé d’adresser des coups de semonce à Abbas El Fassi, l’exhortant de présenter son bilan à mi-mandat au Parlement. Un «bilan» jugé insuffisant par le PAM et le PJD ainsi que par les partis de gauche comme le PSU (parti Socialiste Unifié).
Dans ce domaine, Abbas El Fassi s’est défendu en s’appuyant sur la suppression des échelles de 1 à 4 dans l’administration, ce qui se traduirait par une augmentation des salaires jusqu’à 2 400 dirhams pour des fonctionnaires dont certains ne percevaient même pas le SMIG. Il a évoqué le programme «Tayssir», destiné à allouer une aide directe aux familles les plus démunies (environ 500 Dh / mois), conditionnées par une scolarisation rendue obligatoire. En outre, Abbas El Fassi est revenu sur la mise de l’allocation de perte d’emplois, sans pour autant préciser d’où aller provenir les ressources pour son financement et pas un mot sur le calendrier.
Quand à la crise internationale et son impact sur le Maroc, Abbas El Fassi, toujours sur les conseils de l’équipe d’experts de la communication, indiquait que «malgré le contexte, le gouvernement a maintenu le cap des réformes et à respecter ses engagements pris lors de la déclaration de politique générale de 2007 à l’exception du taux de croissance estimé à l’époque à 6 % qui n’a pu être atteint à cause de la baisse de la demande extérieure».