Dans une lettre rendue publique hier, l’association Rif des droits de l’Homme a demandé aux autorités de Nador de suspendre la construction d’une barrière avec des lames visant la protection de Melilia des assauts des migrants subsahariens. L’ONG, présidée par Chakib El Khyari, ancien détenu d’opinion gracié le 14 avril 2011, assure qu’un tel projet «causera de graves blessures» aux migrants, réfugiés en masse dans la forêt de Gourougou, qui tentent de traverser de l’autre côté.
Les travaux ont commencé il y a vingt jours
Dans des déclarations à l’agence espagnole EFE, El Khyari assure que le projet marocain avance. Et de préciser que les travaux de la réalisation de la barrière ont commencé il y a vingt jours près de la zone Rostro Gordo, relevant du territoire de la commune de Ferkhana dont le président n’est autre que le très controversé Yahya Yahya.
C’est justement dans cette partie que plus de 750 Subsahariens ont organisé le jeudi 1er mai un assaut sur Melilia. Une opération au cours de laquelle, les forces auxiliaires déployées sur le périmètre frontalier ont arrêté 669 immigrés, alors que le reste a pu atteindre l’enclave.
Solliciter le soutien de quelques partis politiques
El Khyari a déploré le manque d'information des Subsahariens sur les dangers qui les guettent, une fois la barrière érigée. Il a, par ailleurs, invité les autorités marocaines à chercher des solutions alternatives à l’immigration irrégulière qui respectent les normes universelles des droits de l’Homme au lieu de la construction de ce «mur».
Dans ses déclarations à EFE, El Khyari a exprimé son intention de soulever le problème avec des partis politiques afin de recueillir davantage d’information sur le sujet. L’intervention des formations politiques, notamment de l’opposition parlementaire, PAM et l’Istiqlal, avec laquelle El Khyari a déjà travaillé sur le projet de la légalisation de la culture du kif à des effets thérapeutiques, pourrait amener le gouvernement Benkirane à briser son silence.
Quelle crédibilité donnée aux revendications marocaines sur Melilla ?
Pourtant le mercredi 30 avril à la Chambre des conseillers, le chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane a martelé que le Maroc n’est en aucun cas le gendarme de l’Europe. D’autres responsables avant lui ont joué la même partition sans réellement convaincre l'opinion publique. La construction de cette barrière, de surcroît avec des lames, oppose pourtant un sérieux démenti à ces affirmations. D'autant plus que ce projet est en porte-à-faux avec les revendications marocaines sur Sebta et Melilia.