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Tribune

Les réseaux sociaux ou la tentation Selfie

Sacrée technologie, elle te fait ange parmi les anges, sans coup férir. Elle te procure ce bonheur instantané, intermittent, illico ; jouissance furtive, vite servie, vite desservie.

Publié
Superseflie / DR
Temps de lecture: 3'
Il faut que je me fasse un Selfie, pas n’importe lequel, mais un Selfie qui soit béni, en relief, ensorceleur, qui ne laisserait personne indifférent, qui changerait le cours de ma vie, ferait de moi un homme heureux, nouveau, qui casse, fait du buzz, point ne lasse. Moi, je suis quelqu’un qui a le sens pratique, si tous les autres se prennent en Selfie, pourquoi pas moi. D’ailleurs, ils me paraissent plus heureux quand ils y sont immortalisés, dans leur Selfie, quand ils y sourient, insoucieux, ravis. Je les adore encore plus lorsqu’ils s’affichent sur leur mur virtuel, quand ils s’acharnent à obtenir la reconnaissance d’autrui, lorsqu’ils aiment croire en cette globalisation de l’amour en un seul clic. Sacrée technologie, elle te fait ange parmi les anges, sans coup férir. Elle te procure ce bonheur instantané, intermittent, illico; jouissance furtive, vite servie, vite desservie.
Il faut que je me fasse un Selfie, qui m’introduit dans la sphère où le bonheur est gratuit, quoique fortuit, où les mains sont volontairement tendues vers les autres, les corps absents et les cœurs un tantinet meurtris. Espace d’une figuration virtuelle où l’inexistence appelle l’existence, où le sentiment bancal est à la quête d’un appui, où le rêve se multiplie indéfiniment jusqu’à perdre de sa consistance, effleure l’ennui, l’atrophie.
Orphelins, trahis, peuple nomade aux lèvres desséchées et aux yeux rouges d’insomnie, il n’y a pire solitude que celle de l’âme et de sombre horizon que l’illusion.  A bas les philosophies, toutes les idéologies, qui vous font miroiter un bonheur suspendu au bout d’un tunnel, en vous indiquant, pour y parvenir, un cheminement erratique, labyrinthique, dont on ne revient jamais, sinon complètement vidés, pantelants, la langue pendante tels des chiens assoiffés.
Le Selfie, ce narcissisme ressuscité, marque déposée d’un bonheur de quincaillerie, en trompe l’œil, qui corrompt l’âme, titille subrepticement l’égo et lui inocule cette dose d’enivrement qui le porte sur des nuages incertains, parfois délirants, frisant la schizophrénie, la phobie. Gloire à Dieu, merci pour ton infinie générosité, merci pour la vie.

Il faut que je me fasse un Selfie, pas n’importe lequel, mais un Selfie qui soit béni, en relief, ensorceleur, qui ne laisserait personne indifférent, qui changerait le cours de ma vie, ferait de moi un homme heureux, nouveau, qui casse, fait du buzz, point ne lasse. Moi, je suis quelqu’un qui a le sens pratique, si tous les autres se prennent en Selfie, pourquoi pas moi. D’ailleurs, ils me paraissent plus heureux quand ils y sont immortalisés, dans leur Selfie, quand ils y sourient, insoucieux, ravis.

Je les adore encore plus lorsqu’ils s’affichent sur leur mur virtuel, quand ils s’acharnent à obtenir la reconnaissance d’autrui, lorsqu’ils aiment croire en cette globalisation de l’amour en un seul clic. Sacrée technologie, elle te fait ange parmi les anges, sans coup férir. Elle te procure ce bonheur instantané, intermittent, illico; jouissance furtive, vite servie, vite desservie.

Il faut que je me fasse un Selfie, qui m’introduit dans la sphère où le bonheur est gratuit, quoique fortuit, où les mains sont volontairement tendues vers les autres, les corps absents et les cœurs un tantinet meurtris. Espace d’une figuration virtuelle où l’inexistence appelle l’existence, où le sentiment bancal est à la quête d’un appui, où le rêve se multiplie indéfiniment jusqu’à perdre de sa consistance, effleure l’ennui, l’atrophie.

La solitude de l'âme

Orphelins, trahis, peuple nomade aux lèvres desséchées et aux yeux rouges d’insomnie, il n’y a pire solitude que celle de l’âme et de sombre horizon que l’illusion. A bas les philosophies, toutes les idéologies, qui vous font miroiter un bonheur suspendu au bout d’un tunnel, en vous indiquant, pour y parvenir, un cheminement erratique, labyrinthique, dont on ne revient jamais, sinon complètement vidés, pantelants, la langue pendante tels des chiens assoiffés.

Le Selfie, ce narcissisme ressuscité, marque déposée d’un bonheur de quincaillerie, en trompe l’œil, qui corrompt l’âme, titille subrepticement l’égo et lui inocule cette dose d’enivrement qui le porte sur des nuages incertains, parfois délirants, frisant la schizophrénie, la phobie. Gloire à Dieu, merci pour ton infinie générosité, merci pour la vie.

Tribune

Mohammed A. El Haddad
Journaliste freelance
selfie
Auteur : larbi lirkom
Date : le 08 mai 2014 à 22h46
Effectivement, c'est un procédé utilisé à tous les niveaux ( Obama, Hollande...pour ne citer que les personnalités les plus connus) d'où son universalité.
Objectivement ce procédé photographique démontre encore une fois de plus le côté social de l'être humain et surtout sa course à la célébrité cad à la connaissance de l'autre, ni plus, ni moins...
En terme de philosophie, il dénote le caractère narcissique et éphémère de l'homme.
Mes amitiés à l'auteur et bonne continuation
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