Le département d’Etat américain est en train de mettre en œuvre une nouvelle stratégie pour lutter contre les filières djihadistes qui investissent, depuis quelques années, les réseaux sociaux pour répandre leur idéologie. En effet, selon Erwann Gaucher, journaliste et consultant «nouveaux médias» pour France Info, depuis le début du conflit syrien, une nouvelle sorte de prédicateurs radicaux, appelés les #Greenbirds, est en train d’investir le web, plus particulièrement les réseaux sociaux comme Facebook et Twitter, pour convaincre des occidentaux d’aller se battre en Syrie.
Ils seraient ainsi 11 000 occidentaux qui se battent actuellement en Syrie, contre le régime de Bachar Al Assad et un quart d'entre eux auraient été recrutés via les réseaux sociaux, assure une récente étude publiée par des chercheurs du King's Collège de Londres. Pour faire face à ce «phénomène», le département d'Etat américain a décidé d’investir à son tour les réseaux sociaux, en entrant directement en conversation avec les internautes qui font l’apologie du djihad.
«Think again, turn away»
Pour ce faire, le ministère des Affaires étrangère américain s’est créé, notamment, un nouveau compte Twitter qu’il a baptisé «Think Again, turn away», en d’autres termes «Réfléchissez-y deux fois, faites demi-tour». Le département y diffuse régulièrement des photos de victimes d’attentats ou de meurtres en Syrie. Certaines peuvent choquer, comme par exemple celle-ci montrant un homme crucifié, postée il y a quelques jours seulement avec le tweet : «Al-Qaïda utilise le meurtre et la torture contre des locaux comme stratégie pour les soumettre. Voilà l'héritage honteux d Al-Qaïda».
.@abualbawi And what kind of man is capable of crucifying people? #thinkagainturnaway pic.twitter.com/IjQz70QPl0
— Think AgainTurn Away (@ThinkAgain_DOS) 24 Mars 2014
Autre exemple, cette photo postée aussi il y a quelques jours sur Twitter sur laquelle on voit le cadavre présumé d’un jeune allemand tué en Syrie.
.@AbouZakaria01 was this poor deluded fellow a friend of yours? #thinkagainturnaway pic.twitter.com/BeU3wAIsPh
— Think AgainTurn Away (@ThinkAgain_DOS) 25 Avril 2014
Objectif : Contredire les terroristes
«La plupart du temps, ces tweets, ces photos, ne sont pas juste envoyés au hasard sur les réseaux sociaux. Les fonctionnaires du département d'Etat qui l'alimentent s'adressent directement à d'autres profils, publiquement. Ils entrent dans les conversations qu'ils ont repérées pour y délivrer ces messages», explique Erwann Gaucher. Selon ce dernier, l’objectif de ces trolls est de «contredire les arguments de ceux qui prônent le terrorisme ou le djihad».
Alberto Fernandez, coordinateur du Centre du Département d'Etat pour les communications stratégiques antiterroristes, cité par la même source, a «ainsi expliqué que son objectif n'était pas de faire rendre les armes aux extrémistes, mais d'atteindre le plus large public de spectateurs que les djihadistes ont essayé d'influencer via les réseaux».
Avant cela, les Etats-Unis refusaient d'entrer en conversation avec les djihadistes, estimant qu' «une réponse officielle, sous n'importe quelle forme, leur donnerait trop d'importance». Aujourd’hui, quelques 50 personnes sont mobilisées autour de ce nouveau programme, pour un budget de 5 millions de dollars par an.