Par la voix de la porte-parole de la Commission européenne de la pêche et des affaires maritimes, Hélène Banner, l’UE a appelé lundi le Maroc à rapidement ratifier l’accord bilatéral de pêche, rapporte l’AFP. L’Union juge «regrettable» le retard pris sur ce dossier, d’après la même source.
La semaine dernière déjà, l’Espagne, qui n’a cessé de se plaindre depuis la fin du précédent accord en décembre 2011, a réitéré son inquiétude face au retard des autorités marocaines sur le nouvel accord. En effet, il ne reste plus que la signature du roi Mohammed VI pour permettre aux pays de l’UE de pêcher dans les eaux marocaines. Mais, Rabat prend son temps, pourtant estime, Mme Banner, cette étape n’est que «protocolaire».
Les autorités chérifiennes sont bien décidées à faire preuve de fermeté après le geste de Bruxelles qui a unilatéralement réformé le régime d’accès au marché européen des fruits et légumes extra-communautaires, dont le Maroc. Et il semble que l’accord de pêche soit l’une de ses meilleures armes, même si le ministre marocain de l’Agriculture, Aziz Akhannouch – réagissant aux comparaisons entre l’accord agricole et l’accord de pêche faites ces derniers temps en Espagne - a affirmé que les deux protocoles «ne sont pas liés».
Mais il a insisté sur le fait que le Maroc est un pays qui respecte ses engagements et attend la pareille de ses partenaires. Et on se souvient qu’à l’annonce de la réforme européenne, Rabat était monté au créneau, jugeant cela «inacceptable». Les autorités marocaines relevaient même que l’UE a ainsi enfreint l’article 20 de l’accord bilatéral agricole qui veut que la partie qui souhaite réformer sa politique en informe au préalable le Comité d’association.
Aucune partie ne voudra certainement ressortir perdante
En marge du salon de l’Agriculture qui s’est déroulé à Meknès la semaine dernière, les autorités marocaines et européennes devaient tenir des discussions sur la modification du régime des prix d'accès des fruits et légumes marocains aux marchés de l’UE. Mais ce lundi, aucune information ne filtre sur ce qui a été convenu au cours de ces rencontres.
Il est vrai que l’UE a affirmé à plusieurs reprises qu’elle prendrait en compte les doléances du gouvernement chérifien. Mais il est clair que si le Maroc est durement impacté par les nouvelles mesures douanières européennes, le royaume essaiera de jouer sur le point faible de l’Europe : l’accord de pêche. Car dans ce bras de fer, les plus grands perdants sont l’Espagne pour les licences de pêches, mais aussi la France qui est depuis toujours le plus gros importateur de céréales au Maroc.
De son côté, Paris a garanti son total soutien aux requêtes du royaume concernant l’accord agricole, a confié le ministre français de l’agriculture et porte-parole du gouvernement, Stephane Le Foll, dans une interview accordée à L’Economiste et parue vendredi dernier. Intérêts économiques en jeu ? Quoi qu’il en soit, personne ne voudra certainement ressortir perdant de cette affaire.