C’est un procès pas comme les autres qui s’est ouvert ce lundi, après-midi, devant la cour d'assises de l'Essonne à Evry. Le «séducteur de l’Essonne», surnommé également le «Barbe bleue » du département, est jugé à partir d’aujourd’hui, et jusqu’au 20 mai, pour avoir assassiné sa femme et tenté de tuer une seconde de ses compagnes dans le but de profiter des contrats d’assurance qu’il leur avait fait signer. Jamel Leulmi, 36 ans, dont les parents sont originaires du Maroc et d’Algérie, nie cependant tout ce qui lui est reproché.
L’homme, placé en détention provisoire depuis près de quatre ans et présenté comme «un charmeur au double visage, oscillant entre séduction et manipulation», comparait pour «assassinat, tentative d'assassinat, escroquerie et tentative d'escroquerie», rapporte l’AFP.
Un accident au Maroc
Tout commence le 12 juin 2010. Ce jour-là, Julie Derouette, une ancienne de ses «très nombreuses» conquêtes, se rend à la gendarmerie pour porter plainte après un cambriolage à son domicile. Selon elle, aucun objet de valeur n’avait été dérobé. Ce sont plutôt quatre copies de contrats d'assurance décès qui avaient disparu. Elle fait alors le lien avec un terrible accident de la route subi quelques mois plus tôt, au Maroc.
Alors qu’elle était au volant d’une voiture de location dans la région de Marrakech, la jeune femme aurait été percutée par l'arrière, puis violemment agressée et laissée pour morte sur le bord de la route. Selon l’AFP, elle s’en sortira avec la colonne vertébrale brisée et 5 mois d'Incapacité de travail. Très vite, elle soupçonne Jamel Leulmi, rencontré deux mois plus tôt en France, d'avoir voulu l’assassiner pour toucher les 7 millions d'euros de son assurance décès.
Déjà veuf
Quand les enquêteurs se penchent sur son passé, ils font des découvertes suspicieuses. Jamel Leulmi était, en effet, veuf depuis trois ans déjà, sa première femme ayant perdu la vie dans un accident de la route, après avoir été fauchée par une voiture au cours d'une balade à vélo trois mois à peine après leur mariage. Celle-ci avait également souscrit quelques semaines avant sa mort, «plusieurs polices d'assurance au profit de Jamel Leulmi, lesquelles prévoyaient en outre un doublement de la somme en cas de décès accidentel», souligne la même source.
L’enquête est, toutefois, classée sans suite en 2007, faute d’avoir identifié le conducteur de la voiture. Jamel Leulmi perçoit alors plus d'un million d'euros «qu'il flambe en s'offrant deux maisons, un appartement, un 4x4, un quad ou encore un jet-ski». Une troisième conquête apparait au cours de l’enquête. Cette dernière, une femme présentant un léger retard mental et rencontrée dans un club échangiste, avait aussi contracté plusieurs polices d'assurance à son bénéfice, pour un montant potentiel de 3,2 millions d'euros.
Une «mythomane» ?
L’homme a finalement été interpellé en août 2010, puis placé en détention provisoire à Fleury-Mérogis. Depuis sa cellule, il clame encore son innocence et compare son accusatrice à une «mythomane». Pour ce qui est des éléments troublants découverts par les enquêteurs, il invoque un «malheureux concours de circonstances».
Julie Derouette, elle, «se prépare à vivre un marathon judiciaire qui va ajouter des souffrances psychiques et physiques à celles qu'elle a déjà subies», a fait savoir son avocate Caty Richard. «Elle est aujourd'hui très lourdement handicapée suite à l'accident, ou plutôt l'agression, dont elle a été victime», a-t-elle ajouté. La justice a encore un mois pour se prononcer dans cette affaire.