Dans l’affaire du caïd de Sidi Bettach, le ministère de l’Intérieur n’a pas laissé les choses trainer. Un conseil disciplinaire, tenu hier après-midi au siège du département de Mohamed Hassad, a décidé de suspendre le fils de l’ancien inspecteur des Forces auxiliaires de la région Nord. D'autant plus que les réponses du caïd n’étaient pas convaincantes. Une mesure tout à fait prévisible puisque Tarik Hajjar, 25 ans, a perdu le soutien de son principal protecteur, son père, qui aurait été mis à la retraite suite à cette affaire. Il a été le premier à payer le prix de cet enième dérapage de son fils caïd.
Que fera la justice ?
Par cette décision, le ministère de l’Intérieur envoie, ainsi, un signal clair à ses agents pour mettre un terme aux campagnes de rasage des cheveux de certains jeunes, notamment dans les villes, en réaction à la mode du tcharmil. Ce qui d’ailleurs n’est pas sans rappeler l’expérience vécue par les adeptes du mouvement hippy au Maroc durant les années 70.
La suspension de Tarik Hajjar suffira-t-elle à calmer la douleur de la famille du jeune Ahmed El Bahaoui ? Une famille qui s’accroche à son droit de poursuivre en justice le caïd. D’autant plus qu’il y a des éléments nouveaux dans le dossier qui pourraient plaider en sa faveur.
Le jeune qui s’est suicidé aurait été tabassé
La seule lueur d’espoir pour les proches d’Ahmed et les associations des droits de l’Homme, c’est le rapport du médecin légiste. Dans son édition d’aujourd’hui, le quotidien arabophone Sahifat Annas avance que le jeune aurait été tabassé par des membres des forces auxiliaires du caïd Tarek Hajjar avant qu’ils ne lui rasent les cheveux.
La même source ajoute que les résultats dudit rapport auraient été présentés lors du conseil de discipline, tenu hier après-midi au siège du ministère de l’Intérieur.
Si le département de Mohamed Hassad poursuit dans la voie de la transparence, il devrait rendre public les conclusions du travail du médecin légiste et permettre à la famille d’Ahmed El Bahaoui de rendre justice à son fils. Dans le cas contraire, il sera difficile de convaincre, juridiquement, une cour marocaine de la responsabilité du caïd Tarek Hajjar dans le suicide de leur fils.