Les dépenses liées à la caisse de compensation se sont établies à 6,6 milliards de dirhams à fin mars 2014, contre 16,5 milliards de dirhams à fin mars 2013, soit une baisse de 60%, révèle la Trésorerie générale du royaume dans le bulletin des statistiques des finances publiques fraichement publié.
En clair, le gouvernement a pu réaliser environ 10 milliards de dirhams d’économie au premier trimestre de l’année en cours, par rapport à la même période l’an dernier. Cela s’explique par la baisse des émissions au titre de la compensation durant le seul mois de mars qui étaient de 33 milliards de dirhams contre 11,2 milliards de dirhams en mars 2013.
Le déficit du Trésor allégé de plus de 7 milliards de dirhams
C’est certainement une boufée d'oxygène pour les caisses de l’Etat, puisque grâce à la baisse de ses dépenses de compensation, Rabat a pu enregistrer un gros recul de 50,5% de ses charges communes qui sont passées de 19,4 milliards de dirhams à fin mars 2013 à 9,6 milliards à fin mars 2014.
Malgré une augmentation de 13,7% des dépenses liées au matériel et de 1,5% des dépenses liées au personnel de la fonction publique, les économiques réalisées sur la caisse de compensation et la hausse des recettes ont permis l’alléger le déficit du Trésor qui s’est établi à 15,4 milliards de dirhams à fin mars 2014, contre 22,5 milliards à la même période l’an dernier. En effet, les chiffres de la TGR révèlent une hausse des recettes ordinaires de 2,5%. Les recettes fiscales ont quant à elles bondi de +3,9%, poussées notamment par les recettes douanières (+9,5%).
Faut-il jubiler pour autant ?
Cette évolution va certainement conforter le gouvernement dans sa politique d’indexation des prix des carburants sur le cours à l’international. Surtout qu’après le saillant rapport de la Cour des comptes sur la caisse de compensation, l’Exécutif n’a certainement pas envie de s’attirer d’autres critiques. D’autant plus qu’il est actuellement suivi à la loupe, sur ce dossier, par le Fonds monétaire international (FMI). Sans parler de l’UE qui en a récemment remis une couche, appelant le gouvernement Benkirane à «poursuivre la réforme du système de subventions généralisées».
D’après les prévisions de Bank Al Maghrib (BAM), «le coût de la caisse de compensation devrait se limiter [cette année, ndlr] aux 32 milliards de dirhams définis par la loi de finances», déclarait son gouverneur, Abdelatif Jouahri, lors d’une conférence de presse en mars. Pour lui, les mesures prises par Rabat seraient suffisantes pour réaliser cette maitrise des dépenses.
La Cour des comptes recommande des efforts supplémentaires
Cependant à en croire le président de la Cour des comptes, Driss Jettou, Rabat n’est pas encore au bout de l’effort. L’institution a émis une série de recommandations pour une meilleure réforme de la caisse de compensation. Ainsi l’Etat est appelé à, entre autres, «achever la décompensation totale de l’essence par l’exclusion de tout mécanisme de péréquation» et décompenser le fuel industriel.
L’autre aspect problématique concerne le gaz butane. D’après des déclarations - en janvier dernier - du ministre des des Affaires économiques et générales, Mohamed El Ouafa, l’Etat consacrera 24 milliards de dirhams à la subvention du gaz butane cette année, une somme jugée importante et qui a induit des effets pervers. La Cour des comptes a appelé Rabat à «étudier sérieusement la possibilité de réserver cette subvention aux seul ménages». Pour l’instant, Rabat ne s’est pas encore prononcée.