Menu

Grand Angle

Tourisme : Egypte, Tunisie, Maroc, des perspectives contrastées

Le tourisme est, en temps normal, l’un des maillons forts des économies d’Afrique du Nord, notamment pour l'Egypte, le Maroc et la Tunisie. Mais la crise qui persiste dans certains pays a mis à mal le secteur. En cette année 2014, les trois principaux pays touristiques de la région, présentent des perspectives très contrastées. Explications. 

Publié
DR
Temps de lecture: 3'

L’instabilité à laquelle l’Egypte est en proie depuis le départ de Mohamed Morsi a de lourdes répercussions sur le tourisme, troisième sources de revenus du pays. En 2013, c’est la dégringolade. Les revenus du secteur chutent de 41% par rapport à l’année précédente qui n’était déjà pas bonne. Et la tendance baissière se poursuit depuis le début 2014.

Crise profonde pour le tourisme en Egypte

Ainsi au premier trimestre, les revenus touristiques ont chuté de 43% par rapport à la même période l’an dernier. Les visiteurs évitent de plus en plus ce pays d’Afrique du Nord, surtout après l’attentat de février dernier qui visait un car de touristes sud-coréens. 15 pays ont réagi en émettant des restrictions de voyage vers l’Egypte. Ce qui a fortement contribué à la chute de 30% du nombre de touristes au premier trimestre, selon les autorités locales. Et ce n’est pas tout. En mars, des viols perpétrés contre des touristes viendront ternir davantage l’image de l’Egypte. Les autorités ont réagi en retirant les licences de deux hôtels d’un complexe balnéaire prisés des visiteurs du pays. Certaines compagnies aériennes internationales ont immédiatement annulé des vols. C’est le cas notamment d’Air Berlin qui ne desservira plus Charm el-Cheikh jusqu’au 30 avril prochain.

En outre, la fréquentation des sites archéologiques a chuté de plus de 70% par rapport à la période avant-crise. Aujourd’hui seule une trentaine de bateaux sur 350 avant la révolution proposent des croisières sur le Nil. A la veille de l’été, les tensions ne s’apaisent pas, en raison des préparatifs des élections présidentielles. Ce qui laisse présager une année touristique catastrophique.

Le tourisme en Tunisie se redresse... lentement

A plus de 2100 kilomètres de là, cap sur la Tunisie, où le tourisme est également un incontrounable de l’économie. Les dégâts y sont moindres, mais les performances du secteur sont encore très loin de celles d’avant crise. Après mauvaise année 2012, les recettes touristiques ont connu un léger accroissement de 1,7% et les arrivées de touristes ont progressé de 5,3%, selon les données du ministère de tutelle. La tendance se poursuit en 2014, avec une hausse de 2,1% des recettes et 7,5% du nombre de touristes au premier trimestre, par rapport à la même période l’an dernier. Malgré la baisse des prix, les hôtels ne font toujours pas le plein. Actuellement, 150 établissements sont en grande difficulté. Pour les sauver de l’endettement, le ministère tunisien du Tourisme a l’intention de se tourner vers les investisseurs des pays du Golfe.

Malgré cela, un vent d'optimiste gagne les dirigeants tunisiens. Le gouvernement souhaite profiter du retour au calme pour réaliser, cette année le record de 2010 : attirer 7 millions de touristes. Leur première cible, les Français dont le nombre de visites a baissé de 40% sur les quatre dernières années. Plusieurs actions de lobbying sont également menées auprès des Canadiens notamment. «La Tunisie semble sur la bonne pente pour reconquérir les parts de marché perdues. Mais faudra des années avant de retrouver le niveau de l'avant révolution», estime Gérard Tur, directeur du site Econostrum.

Le Maroc tire son épingle du jeu

Au Maroc par contre, la situation tourne à son avantage. En effet, si le tourisme a représenté 8,6% du PIB en 2013, le Conseil mondial du tourisme et des voyages (WTTC) s’attend à une hausse de 8,1% des apports directs du secteur dans l’économie nationale en 2014. Cette performance fait du royaume, le premier pays maghrébin en termes d’impact du tourisme dans l’économie.

Et la tendance positive pronostiquée par le WTTC se confirme. Après une bonne année 2013, au premier trimestre 2014, les recettes touristes ont augmenté de 2,6%. Rien qu’en février, les arrivées des touristes ont progressé de 13%, par rapport à la même période l’an dernier, rapporte Les Eco. Ils sont principalement venus d’Italie (+47%), d’Allemagne (+25%), du Royaume Uni (+23%), de France (+15%), et de l’Espagne (+6%).

Il faut cependant rappeler que le secteur touristique au Maroc a été fortement menacé avec l'instauration de la nouvelle taxe aérienne. Elle devait rentrer en vigueur le 1er avril dernier, mais jusqu'au début du mois, le flou total demeurait autour de la question.

Mais le ministère du Tourisme se montre aussi confiant que le WTTC. Il s’est fixé un objectif de 10,7 millions de visiteurs cette année et compte accélérer la mise en place de la Vision 2020. Un optimisme affiché avec la publication des résultats d'une enquête menée par le département de Haddad pour le suivi de la demande et de la satisfaction des touristes, au titre du 4ème trimestre 2013. Ce sondage révèle que «83% des touristes étrangers» ont été «très satisfaits ou plus satisfaits» par leur visite au Maroc que par celle effectuée dans d’autres destinations touristiques. De plus, 92% des touristes ayant participé à l’enquête ont l’intention de retourner au Maroc pour de nouvelles vacances. 

Soyez le premier à donner votre avis...
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com