Car la journaliste, du fait de sa tenue vestimentaire, ne respectait pas selon les termes usités par le Ministre, «la sacralité du parlement». Voici donc un ministre usant d’un étrange argument, pour contraindre une jeune femme, venue faire son métier, au fond, accusée d’une sorte d’attentat à la pudeur… Et refoulée, chassée, d’un lieu que ledit Ministre a qualifié de sacré … Brandir le sacré à tout va…
Ce ministre, bien sûr, n’est pas le seul coutumier du fait…
Car désormais, inventer, pour tout et pour rien, une sacralité qui n’en est pas une, rendre possible une sacralité, dévoyée, tronquée, pleine de non-sens et d’interdits trop faciles, relevant de la plus pure hypocrisie tue, depuis trop longtemps, est devenu dans notre pays, l’un des traits de faux vertueux, qui s’érigent en statues de réprobation. Et ce, pour donner libre cours à un petit terrorisme de petit théologiens qui fait que quiconque possédant un semblant d’éloquence, peut, aujourd’hui, sur une terre d’Islam et d’érudition comme la nôtre, se prendre pour un grand prédicateur et infliger des sermons truffés d’idioties prononcées doctement par ces mêmes incultes, à d’autres, qui pour d’autres raisons, ne le sont pas moins.
Alors, le Parlement, sacré…
Dans ce cas, il ne serait pas vain de poser la question, à nos vrais théologiens. Qu’ils délibèrent, sur la sacralité du lieu ! Jusqu’à lors, on n’a jamais vu que nos députés ôtaient leurs chaussures, avant d’y pénétrer, dans ce parlement sacré.
De même qu’il est arrivé que certains s’y rendent, après de bons repas, bien arrosés, ou qu’une députée y soit vue et prise en photo, portant jupe courte, et ayant, elle, retirée des chaussures, peut-être neuves, qui devaient lui faire mal aux pieds… Que nos théologiens, donc, nous disent, si le Parlement est sacré, ou s’il ne l’est pas...
Le temple des démocrates
Et, en attendant qu’ils nous livrent leur vérité, n’ayons pas peur de dire que oui, le Parlement est, de fait, sacré. Il est le lieu sacré des démocraties responsables, celles où l’on se souvient, si l’on est député, ou ministre, que l’on y est entré dans ce parlement, par la seule volonté du peuple…
Que l’on est sensé représenté, et dont on doit se sentir l’obligé. Le peuple, voilà ce qui rend sacré le Parlement. En chassant Khadija Rahali de ce même Parlement, cette citoyenne qui représente un peu du peuple, ce ministre n’a, lui, réellement, pas respecté la sacralité du Parlement des Marocains. Et il doit s’en excuser.