Autrefois au Maroc, seuls les minarets s'érigeaient sur de très grandes hauteurs. Et pour cause, les hautes constructions ne sont pas vraiment ancrées dans la culture marocaine. Avec la construction de la mosquée Hassan II, le royaume chérifien pose ses premiers pas dans le monde des très hautes constructions.
En effet, le minaret de la plus grande mosquée du Maghreb et la troisième plus grande au monde mesure 201 mètres, le plus haut de la planète. Après sa mise en service en 1993, il va falloir attendre cinq années pour voir s’élever les tours du Twin Center à Casablanca. Ces deux tours jumelles hautes de 115 mètres, abritant des commerces, des bureaux et un hôtel 5 étoiles. Elles sont construites en plein cœur de la capitale économique et deviennent alors les plus hauts édifices de bureaux du Maroc et même du Maghreb.
Au Maroc des gratte-ciels commencent à avoir la cote
A présent, ce sont les grands groupes marocains qui se lancent dans la très haute construction. Avec Maroc Telecom, les tours du Twin Center ont été déclassées, car le nouveau siège du leader marocain des télécoms se dresse sur 136,5 mètres de hauteur (avec mâts). Inauguré en juin 2013 par le roi Mohammed VI, ce prestigieux bâtiment est jusqu’ici le plus haut du royaume. Rappelons qu’il a reçu la mention spéciale du jury pour le «Grand Prix des bâtiments de très grande hauteur» au Forum Ecobuilding de Paris, pour son caractère à la fois écologique, high-tech et innovateur. Mais d’autres projets finiront certainement par lui ravir la vedette.
En effet, lors de la présentation des résultats 2013 du groupe BMCE Bank, le PDG Othman Benjelloun a dévoilé, avec fierté, la maquette du futur siège du troisième groupe bancaire du Maroc. Erigé sur 1,5 hectare au sein de Casablanca Finance City, le bâtiment présenté sous forme de tour en forme de fusée mesurera 190 mètres de haut. Il devrait être fin prêt d’ici 2016.
Par ailleurs, une autre tour verra le jour, mais cette fois, loin des capitales politique et économique du pays. Ce sera à Ouarzazate. Dans le cadre du projet de complexe d'énergie solaire «Noor», deux centrales solaires seront mises en œuvre. L’un d’elle sortira de terre sous forme de tour d’énergie haute de 200 mètres. Elle viendra alors surplomber toutes les autres tours. Reste à savoir combien de projets comme ceux-là seront dévoilés à l'avenir.
Optimisation de l’espace, prestige, autant de motivations
Le Maroc a donc quelque peu tourné la page avec la tradition et s’ouvre à de nouvelles voies avec la construction de plus en plus fréquente de buildings, même si ceux-ci sont plus le fait des grandes entreprises. Comment expliquer ce changement ? «Les nouvelles technologies font évoluer les constructions de nos jours et les Etats veulent bien suivre la tendance, y compris le Maroc. Vu qu’il n’y a presque plus de terrain dans les grandes villes, les hautes constructions deviennent la meilleure option», explique à Yabiladi Fatima Abdelmalki, architecte casablancaise.
Une idée que rejoint Mickael Benarroch, architecte associé chez Ateliers Switch Architecture (ASA) interrogé par Yabiladi. «Pour le cas des entreprises, la tour leur permet d’amortir les coûts surtout quand ils ont un très grand nombre d’employés. C’est de l’économie d’énergie, d’espace, etc», explique-t-il, relevant également l’aspect prestige de ce type de construction. «C’est aussi une manière pour les entreprises et les autorités de montrer qu’elles sont à la pointe de la technologie. Car disons-le, la construction d’une tour nécessite de gros moyens financiers», ajoute-il. Toutefois, le Maroc a encore du chemin à faire pour prétendre au niveau de construction des pays comme les Emirats arabes unis.