On croyait que le mauvais état de Casablanca était dû à un gros problème de ressources financières. Les blocages ne se trouvent vraisemblablement pas là, au regard des comptes administratifs de l’exercice 2013 adoptés lors de la dernière session du Conseil de la ville, dont les détails ont été révélés ce vendredi par l’hebdomadaire économique La Vie éco. Les documents indiquent en effet que «la ville se retrouve avec une trésorerie positive de plus d’un milliard de dirhams, incluant les dépenses reportées à 2014». Le constat est si accablant que la une de l’hebdomadaire est sans pitié : «Casablanca : Mohamed Sajid [maire de la ville, ndlr] doit partir !»
Le détail montre que la municipalité a pu encaisser d’importantes recettes d’un total de 5,18 milliards de dirhams, dont 3,1 milliards proviennent des recettes de fonctionnement. Lesquelles sont en hausse de 14% par rapport à 2012. Les dépenses se sont, quant à elles, établies à 4,1 milliards de dirhams, dont 1,46 milliards de dirhams uniquement pour les salaires des fonctionnaires et autres charges patronales (assurances, retraites, indemnités, …). «La ville est en train de payer le prix des recrutements en masse opérés il y a plusieurs années et qui ne visaient pas forcément à combler des besoins réels», relève un de ces élus qui estiment la charge salariale de Casablanca bien trop lourde.
Dès le départ, la ville avait les moyens de faire plus que ce qui a été fait
En scrutant de près les dépenses, on cherche à voir quel a été le montant des investissements. Amère constat cependant : Ils n’ont été que de 990 millions de dirhams, concernant principalement des acquisitions de terrains et la réalisation de projets liés à l’administration générale. Pourtant, il y a tant de besoins à Casablanca, en termes d’infrastructures notamment.
Ce qu’il faut noter de très important est que la ville dispose d’un budget assez conséquent pour remplir sa mission. La Vie éco n’a pas indiqué le montant global alloué pour l’exercice 2013, mais sur la période, «le budget affiche un solde excédentaire de 213,79 millions de dirhams, d’après les comptes administratifs adoptés par le Conseil de la ville». Or, l’excédent budgétaire signifie clairement que des investissements prévus n’ont pas été réalisés. De plus, «il faut savoir que depuis 2007, les budgets sont souvent rehaussés afin de pousser les équipes à réaliser de meilleures performances», explique à l’hebdomadaire une source auprès de la commission des finances au sein du Conseil de la ville.
Un budget qui augmenterait donc chaque année, alors que les plaintes des Casablancais restent quasiment les mêmes. Que font donc les ressources humaines qui pèsent lourdement dans les charges de la ville ? Cette année, il a fallu que le roi frappe du poing sur la table pour que la municipalité lancent un plan d’urgence de 2,82 milliards de dirhams pour améliorer l’état d’insalubrité de Casablanca, les transports en commun et la lutte contre l’insécurité, entre autres. A fin mars, les autorités casablancaises annonçaient le lancement prochain de leur opération contre l’habitat insalubre. Mais jusqu’ici c’est quasiment le seul aspect sur lequel elles ont communiqué. Il ne leur reste que 8 mois pour faire le bilan de ce plan d’urgence annoncé comme solution miracle. Espérons que ce plan d’urgence ne reste pas au stade des simples annonces.