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Grand Angle

Des chercheurs espagnols et marocains étudient l'art préhistorique du sud du Maroc

Un groupe de chercheurs espagnols et marocains s’est lancé dans la troisième phase d’une étude archéologique portant le nom de «Projet Tamanart». Celle-ci concerne l’art préhistorique dans des sites rupestres à Tan-Tan et Tachoukalt au sud du Maroc. L’objectif de ces recherches menées par une vingtaine d’institutions est de définir les séquences chronologiques de l’art rupestre dans cette région jusque-là très peu explorée. Détails.

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Photo : Projet Tamanart
Photo : Projet Tamanart

Les vestiges du sud du royaume sont l’objet d’une étude menée par des chercheurs espagnols et marocains. Ces derniers se sont lancés dans un programme archéologique intitulé «Projet Tamanart» afin d’en savoir plus sur les contours de l’art préhistorique dans des sites situés à Tan-Tan et Tachoukalt dans le sud du pays. L’étude a été entamée ce mois et se donne comme objectif de définir les séquences chronologiques de l’art rupestre dans cette région du royaume jusque-là très peu explorée.

Le «Projet Tamanart» bénéficie de l'appui du ministère de l'Education, de la Culture et du Sport espagnol. Il est encadré par le programme «Projets Archéologiques de l'Extérieur» de l'Institut du patrimoine culturel espagnol et du ministère de la Culture marocain, explique l’Agence ibéro-américaine pour la diffusion de la science et de la technologie (DICYT). Ce projet a été entamé en 2012, il en est à sa troisième phase. Les recherches sont menées par l'Université nationale d'enseignement à distance (UNED) et le Centre du patrimoine national rupestre du Maroc.

L'équipe comprend des spécialistes d’une vingtaine d’institutions différentes, des universités et des centres de recherche. Elle est multidisciplinaire avec la présence d’archéologues, d’anthropologues, de géologues, de chimistes, de géomètres, de conservateurs, d’historiens spécialisés dans la culture  amazighe (berbère), de photographes et de documentalistes.

Troisième saison du «Projet Tamanart»

C’est en 2011 que l'UNED a conclu un accord avec la Direction du patrimoine culturel du Maroc pour étudier ces sites rupestres, accord qui a permis de mettre en place le «Projet Tamanart». Trois années plus tard, l'équipe s’est lancée dans sa troisième mission dans la région. Celle-ci permettra de conclure l’enquête réalisée depuis deux ans sur le site de Tachoukalt et de commencer par la suite des études sur celui de Tan-Tan, comme le souligne Servimedia. «Un de nos objectifs est de définir la séquence chronologique de l'art rupestre dans cette région du Maroc qui pourrait être extrapolée à une zone plus large de l'Afrique du Nord», explique Marti Mas, professeur au département de Préhistoire et d'Archéologie de l'UNED et co-directeur du projet avec Abdelkhalek Lemjidi, professeur à l'Institut national des sciences et du patrimoine archéologique au Maroc.

La vallée Tamanart est située dans l’Anti-Atlas, une chaîne de montagnes arides aux bords du désert du Sahara. De nombreux affleurements rocheux en forme de collines et de crêtes, avec des milliers de peintures et gravures rupestres apparaissent sur les rives de la lie asséchée du fleuve Tamanart pratiquement vierge, souligne la même source.

Après Tachoukalt, cap sur Tan-Tan

En 2012 et 2013, les deux premières années de l’étude, les chercheurs s’étaient intéressés à Tachoukalt, l’un des sites les plus emblématiques de la vallée. En 2013, la seconde mission a permis de faire une approche globale du site. Celui-ci est formé par deux montagnes opposées, avec une rivière coulant sur Tamanart. Ses roches, panneaux, représentations, sa diversité technique et stylistique des archéologies enregistrées suggèrent qu'il pourrait contenir les plus anciens motifs de la région. «Nous allons à plus de 10 000 ans, mais il est encore trop tôt pour donner des détails», explique toutefois Marti Mas.

Les chercheurs ont étudié un total de 108 panneaux rupestres au sud de la colline de Tachoukalt 1, notamment des empreintes de formes animales, de chèvres, d’éléphants, de girafes et d’oiseaux ainsi que certaines figures humaines très schématiques et de nombreux signes abstraits. Pour cette année, ils espèrent compléter leur documentation sur le site pour obtenir des résultats chronologiques. L'enregistrement et l'analyse de la zone du site de Tan-Tan ont été aussi entamés. La particularité de l'ensemble de cette roche, située dans la région de Azguer, est qu'elle se compose de peintures, une technique unique au Maroc, où les gravures abondent, détaille la source.

3D, cartographie par satellite, photographie sphérique…

«Nous espérons identifier l'art des chasseurs-cueilleurs, les premiers agriculteurs et la culture amazighe, jusqu'à aujourd'hui», fait savoir Marti Mas. Les résultats de l’étude permettront ainsi de mieux comprendre les us et coutumes des anciens habitants de la région. «L'art est le reflet plastique de la société qui le crée», renchérit Monica Solis. À moyen terme, l'équipe envisage d'ouvrir même un centre de recherche dans la région, qui est déjà construit et servira ainsi à diffuser des études archéologiques de la vallée pour les visiteurs, étudiants, chercheurs et enseignants.

Les chercheurs ont utilisé diverses technologies innovantes au cours de l'étude. «Le développement global de toutes les techniques que nous utilisons est très innovant, à la fois pour le Maroc et l'Espagne», explique Solis, professeur agrégée au Centre UNED de Madrid et membre du projet. L'instrumentation nécessaire a été déployée pour effectuer l'arpentage 3D, la cartographie par satellite, les patines géologiques, physiques et chimiques, l’analyse des pigments, la datation absolue, les photographies sphériques, la documentation numérique et les études archéologiques.

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