La Commission nationale consultative des droits de l'Homme (CNCDH) vient de rendre public, ce mardi, son rapport annuel sur la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie en France. Le principal constat de ce dernier est que la parole raciste s’est banalisée durant l’année 2013, en particulier à l’égard des musulmans arabes et des Roms.
Les musulmans, des boucs émissaires
«Sur le long terme, le racisme en France diminue, le temps des ratonnades est révolu, mais le racisme qui se développe aujourd'hui est plus sournois et n'est plus réservé aux franges extrêmes. Il pénètre toutes les couches de la société», explique Christine Lazerges, présidente de la CNCDH, interrogée par l’AFP. «Les boucs émissaires aujourd'hui sont d'abord les Roms qui ont été stigmatisés, y compris par le gouvernement, et ensuite les musulmans arabes», a-t-elle précisé lors d'une conférence de presse.
Le rapport de la CNCDH explique également que «les arabo-musulmans focalisent l’essentiel des crispations, à l’exclusion de quasiment toutes les autres "minorités", excepté des Roms qui font également l’objet de propos très agressifs». L’islam est également mal perçu par les Français, puisque c’est la religion la «moins positivement connotée», souligne pour sa part le journal Libération.
Le hijab dérange également. Selon le même rapport, 80% des personnes sondées estiment que le port du foulard islamique pose problème pour vivre en société.
Les juifs plus acceptés
Si les Français se montrent en grande partie réticents vis-à-vis des musulmans, ils le sont nettement moins à l’égard des personnes de confession juive. Ils condamnent, en effet, «sans équivoque» l’antisémitisme. De plus, «l’indice d’acceptation» des juifs, «reste de très loin supérieur à celui de tous les autres groupes», souligne une étude qualitative de l'institut CSA, qui a mené 30 entretiens semi directifs en face à face du 9 au 17 décembre 2013 dernier.
La même étude, citée dans le rapport de la dite-commission, indique que 85% des sondés estiment que les juifs sont des Français comme les autres. Cette proportion n’est, toutefois, que de 65% en ce qui concerne les musulmans. «Les clichés, comme la thèse d'un rapport particulier des juifs à l'argent, restent cependant très persistants et partagés», ajoute l’étude.
Ces conclusions ne font qu’appuyer les chiffres précédemment dévoilés par le ministère de l’Intérieur, selon lesquels les actes et menaces antisémites ont baissé de 31 points entre 2012 et 2013 alors que les actes antimusulmans ont progressé de 11 points. Ces chiffres ne dévoilent cependant que «l'écume» des phénomènes, a relevé la présidente de la CNCDH.
L'éducation pour y remédier
D’un point de vue plus général, davantage de Français se disent aujourd’hui racistes. Sur un échantillon représentatif de 1026 adultes, 9% se disent «plutôt racistes» (+2 points par rapport à 2012) et 26% «un peu racistes» (+4 points). Pour y remédier, l'institution mise sur l'éducation et la formation. «Les sondages montrent que plus le niveau culturel est élevé, moins on est raciste», indique Christine Lazerges.
Celle-ci a également réitéré son souhait de mise en place d’ «un observatoire du racisme, de l'antisémitisme et de la xénophobie sur internet», tout en soulignant l’importance de montrer l’exemple au sein du gouvernement français, conduit dorénavant par Manuel Valls, le «socialiste de droite ».