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Grand Angle

Maroc : Accélération de construction de barrages d'ici 2030, objectifs réalistes ?

Dans le cadre de sa stratégie nationale de l’eau, le Maroc prévoit – entre autres - la création de 59 nouveaux barrages dont 28 de grande taille d’ici 2030 afin de faire face aux besoins hydriques qui s’accroissent au fil des années. Mais ces objectifs sont-ils réalistes, quand on sait que la réalisation d’un seul barrage de moyenne capacité peut s’étaler sur plusieurs années ?

Publié
Inauguration du barrage "Abou El Abass Essebti" dans la région de Chichaoua en janvier 2014, dont les travaux de construction ont démarré en 2008.
Temps de lecture: 3'

C'est un fait. Très souvent exposé à la sècheresse, le Maroc doit user de tous les moyens pour se mettre à l'abri de tout problème d'eau. D'autant plus que d’ici 2030, les besoins du royaume en eau atteindront 16,7 milliards de m3, contre 13,7 actuellement, d’après les projections du département de tutelle, a récemment révélé la ministre déléguée auprès du ministre de l’Energie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement chargée de l’Eau, Charafat Afilal, indique une dépêche de la MAP.

Pour faire face à ce défi, le royaume met un coup d’accélérateur à sa stratégie nationale de l’eau. Ce programme prévoit – entre autres - la construction de 59 nouveaux barrages, dont 28 de grande taille au cours des 16 prochaines années. Il y sera également associée, d'après la même source, la construction de plusieurs petits barrages nécessitant un investissement de 1,7 milliard de dirhams, ainsi qu’un projet de transfert des eaux des bassins du nord vers les régions déficitaires, devant permettre l'acheminement de 800 millions de m3 d'eau par an pour un coût de 2,5 milliards de dirhams.

Rappelons que cette stratégie a été adoptée en 2010, prévoyant en moyenne la construction de trois grands barrages et 50 petits ouvrages par an, selon La Vie Eco. Mais depuis, seul un petit nombre de barrages a été mis en service et certainement pas à la fréquence prévue. Il y a eu, notamment, en octobre 2010, l’inauguration du barrage de Tiouine (dans la province d’Ouarzazate), d’une capacité de 270 millions de m3. Mais ses travaux avaient été lancés bien avant en 2006.

En 2012, 14 grands et moyens ouvrages étaient en chantier dans différentes régions du royaume. Le plus important en termes de taille est le M’Dez, dans la province de Sefrou. D’un coût estimé à 850 millions de dirhams, pour une capacité de 700 millions de m3, il sera le huitième plus grand barrage du pays. En janvier 2014, le roi Mohammed VI a inauguré un autre barrage, Abou El Abass Essebti dans la région de Chichoua, dont les travaux avaient démarré en novembre 2008.

La construction d’un seul barrage s’étale souvent sur plusieurs années

Plusieurs autres barrages sont donc en cours de construction, mais tenant compte du fait que 59 barrages devront être mis en service d'ici 2030, il y a encore du chemin à faire. Actuellement, le royaume semble vouloir mettre les bouchées doubles pour réaliser ses objectifs. Cependant, la construction de tous ces barrages en l’espace de 16 ans semble quelque peu surréaliste. D’autant plus que le chantier d’un barrage de moyenne capacité prend parfois plusieurs années. La réalisation de l’Abou El Abass Essebti à titre d’exemple, a nécessité 5 années, alors qu’il n’a qu'une capacité de 25 millions de m3. Idem pour les gros ouvrages. Considérons le cas du M’Dez. Les autorités parlent de ce projet depuis 2005. Mais en février 2011, l’on était qu’à la phase d’installation du chantier. Plusieurs barrages annoncés pour cette année-là, n'avaient finalement pas pu voir le jour.

Comment le gouvernement arrivera-t-il à construire 28 grands barrages en 16 ans, sachant que plusieurs de ces projets sont encore à concevoir ? Il est possible de lancer plusieurs chantiers simultanément, mais cela pose le problème du financement, surtout que le Maroc n'est pas au meilleur de sa forme financière actuellement et le programme d’Eau n’est pas le seul projet d’envergure porté par le gouvernement actuellement.

De plus, «la construction d’un barrage ne commence nullement au premier coup de pioche car les seules études peuvent durer une dizaine d’années, surtout aujourd’hui où les sites naturels sont de plus en plus rares, vu qu’on en a exploité la plus grande majorité», expliquait à La Vie Eco le directeur de la recherche de la planification en Eau au ministère de tutelle.

Barrages pour qui?
Auteur : netstat
Date : le 18 mars 2014 à 12h59
A qui profitent ces barrages? Bien entendu aux grands agriculteurs(souvent des ex ministres, généraux et fermes étatiques), le petits agriculteur souffre sinon exode vers la ville;

En plus la nappe phréatique est surexploitée et toutes les lois élaborées pour la préserver sont détournées(corruption).

Bref ce dont a besoin le Maroc c'est une bonne politique rationnelle d'exploitation de l'eau que ça soit dans la ville ou la campagne.

Au Maroc tout est surexploité par les riches donc vaut mieux injecter l'argent directement vers les classes démunies.
Destalinisation ?
Auteur : FATEM95
Date : le 17 mars 2014 à 21h28
Notre pouvoir a des défauts mais pas celui d'être stalinien...
Plus sérieusement, cette politique des barrages a permis au Maroc de traverser les années noires de sécheresse des années 80. Il faut la continuer mais il faut cependant rationaliser la consommation en eau des ménages, des hôtels et des producteurs agricoles. Ou alors faire payer l'eau à son vrai prix. Sinon c'est le contribuable qui paie pour les piscines et l’arrosage des pelouses des très riches. La dessalinisation n'est pas une bonne solution car elle est vorace en énergie et en argent. Elle est plutôt adaptée aux pays pétroliers.
...
Auteur : Chamalman
Date : le 17 mars 2014 à 20h11
On doit absolument construire des centrales de déstalinisation d'eau de mer et installer des barrages vert pour lutter contre la désertification. Les bassins de retenssion d'eau doivent être la norme, aucune goute d'eau douce doit repartir en mer.
Aussi irréalisable...
Auteur : Bodler
Date : le 17 mars 2014 à 19h35
... qu'irréaliste quand on considère et le temps et les moyens financiers - c'est aussi claire qu'était (mais il y a fort longtemps de cela) une eau de roche !
Mais restons sérieux pour dire que la politique des barrages (les raisons en sont connues) a été, est et restera une des meilleures politiques jamais menées par notre royaume.
Quand aux problèmes d'eau, nous les avons déjà - et cela ne date pas d'aujourd'hui !
Des barrages ? Oui, évidemment ! Mais ce ne sera pas suffisant pour l'avenir...
Nous ne pouvons plus (oui, déjà) faire l'économie d'une révision, de fond en comble, de notre politique agricole !
Car, ne l'oublions pas, c'est bel et bien de l'eau que nous exportons !
Une (petite) pique dans les fesses des exportateurs multi-milliardaires : une taxe (spéciale eau) supplémentaire pour aider au financement des barrages (absolument nécessaires et dans tous les cas de figure) à construire.
Sans oublier de coupler ce problème avec la désertification qui agit, aujourd'hui comme hier, en mode continu !
Dernière modification le 17/03/2014 19:40
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