Depuis l’adoption du projet de loi sur la finance islamique par le gouvernement le 16 janvier dernier, les banques classiques étaient restées muettes sur leurs ambitions, alors que celles-ci s’étaient dites à plusieurs reprises intéressées. On se doutait bien qu’elles étaient en train de réfléchir à leur plan d’attaque.
Ce mardi, c’est Attijariwafa Bank qui sort du silence. Le groupe bancaire marocain «renforcera son offre de finance islamique dès que le Parlement aura approuvé le projet de loi», a déclaré mardi son directeur général, Ismail Douiri, dans un entretien avec Reuters. En effet, l’approbation du Parlement représente la dernière étape avant l’ouverture effective des banques islamiques au Maroc.
Pour transformer Dar Essafaa [la filiale d’Attijariwafa Bank consacrée aux produits alternatifs, ndlr], en banque participative, nous aurons besoin d’augmenter son capital de 150 millions de dirhams et les investissements ultérieurs dépendront de la manière dont le marché se développera», a expliqué M. Douiri.
Un partenariat étranger en vue
Le groupe n'écarte pas la possibilité de s’allier à un partenaire étranger pour sa filiale islamique, toutefois d’après M. Douiri, «ce n'est pas une priorité». «Nous sommes bien comme nous sommes. Si les étrangers ont plus d'expérience dans la finance islamique, nous avons l'avantage de très bien connaître le marché nord-africain», a-t-il dit.
En effet cette multinationale bancaire a renforcé sa présence en Afrique du nord depuis 2005, avec sa filiale tunisienne, Attijari Bank Tunisie. S’il se lançait dans la quête d’un partenaire, le leader marocain du secteur bancaire n’aurait certainement pas de difficultés à en trouver, notamment parmi les pays du Golfe fortement intéressés par l’investissement dans la finance islamique au Maroc.
Un récent rapport de Standard and Poor’s révélait que la finance islamique dispose d’un fort potentiel en Afrique du Nord. Lequel devrait se concrétiser si les produits alternatifs sont proposés à des prix similaires que ceux des produits classiques. Sur cette base, le DG d’Attijariwafa Bank estime que l’arrivée des banques soumises à la charia n’apporterait pas forcément «une révolution dans le secteur bancaire national car, dit-il, c’est «un marché très concurrentiel et les Marocains sont trop sensibles aux prix des produits».
La validation par le Parlement de la loi sur la finance islamique est attendue avant la fin de cette année. Avec la sortie médiatique d’Attijariwafa Bank, il ne serait pas étonnant de voir d’autres banques marocaines afficher leurs ambitions.