L’ancien président Georges W. Bush est dans le collimateur de la justice espagnole. Un juge de l’Audience nationale, haut tribunal espagnol, a sollicité les services judiciaires américains sur une affaire concernant l’ex locataire de la Maison Blanche. Le magistrat espagnol souhaite connaître l’état d’avancement d’une enquête suite à une plainte déposée, en 2009, par des ex-détenus de Guantanamo, dont deux Marocains, pour torture et séquestration.
Les plaignants sont Hamed Abderrahman Ahmad, un Espagnol d’origine marocaine résident à Ceuta, Lahcen Ikassrien, un Marocain, le Jordanien Abdellatif El Banna et le Libanais, Omar Omar Deghayes, indique un média espagnol.
Le magistrat croit qu’il existe des preuves de la culpabilité des mis en cause
Dans le viseur du juge figure, également, Dick Cheney et Donald Rumsfeld, respectivement, vice-président et Secrétaire d’Etat à la Défense sous la présidence de Bush Junior. La plainte concerne également le général Michael Lehner, l’ancien chef militaire de Guantanamo et le général Geoffrey Miller, patron des opérations de détentions et d’intelligence dans la base américaine à Cuba.
Ce dossier avait été instruit au départ par Baltazar Garzon, connu pour s’être occupé de plusieurs grosses affaires en Espagne. Le juge, Pablo Ruz, en a ensuite pris le relai et a décidé de réactiver l’enquête, convaincu qu’il existe des preuves «suffisantes». Le magistrat se dit, également, persuadé en la capacité de la justice de son pays de poursuivre une affaire qui dépasse son territoire.
Les affirmations de Ruz s’inscrivent en faux contre les réserves émises par la Chambre criminelle au sein de l’Audience nationale quant à la perspective d’une accusation de l’ancien président américain de torture et séquestration.
Y aurait-il un mandat d’arrêt contre Bush ?
La marge de manœuvre du juge Pablo Ruz reste cependant très réduite. La perspective de le voir émettre un mandat d’arrêt contre Georges W. Bush parait bien improbable. Il faut surtout savoir que les Américains ne reconnaissent à aucune autorité judiciaire le droit de juger ses ressortissants pour des crimes qu’ils auraient commis en tant de guerre. Et c’est là, d’ailleurs, la raison principale de la non-adhésion de Washington au Tribunal pénal international (TPI).
Des considérations politiques et économiques pourraient, également, empêcher la concrétisation de l’objectif principal de la plainte déposée, en 2009, par les quatre anciens détenus de Guantanamo. Bien que le haut tribunal espagnol ait récemment émis un mandat d’arrêt international contre l’ancien président chinois, Jang Zemin, il serait étonnant que l’ancien chef d’Etat d’un allié aussi fort les Etats-Unis subisse le même sort.