François Hollande joue la carte de l’apaisement. Hier soir, il a téléphoné au roi Mohammed VI, indique le cabinet royal. Un coup de fil qui intervient dans un contexte de haute tension entre les deux pays, suite à aux plaintes contre le patron de la DGST, Abdellatif Hammouchi et aux propos insultants sur le Maroc attribués par l’acteur espagnol Javier Bardem à l’ambassadeur français aux Etats-Unis.
«Au cours de cet entretien, les deux chefs d’Etat ont évoqué le contexte actuel des relations maroco-françaises suite aux faits survenus ces derniers jours», souligne le texte.
Les éclaircissements de Hollande ont-ils convaincu Mohammed VI ?
Hier après-midi, la visite de Nicolas Hulot, l’envoyé spécial du président français pour la planète, a été reportée à la demande de Rabat en attendant des «éclaircissements» des plus hautes autorités à Paris.
Visiblement, François Hollande a parfaitement compris le message marocain et a pris l’initiative, dans la soirée, de téléphoner au roi Mohammed VI en vue de circonscrire le début d’incendie. A-t-il réussi dans son entreprise ? Le communiqué du cabinet royal ne répond pas totalement à la question mais précise qu’«à la lumière des clarifications apportées à ce sujet, les deux chefs d’Etat ont convenu de poursuivre les contacts durant les prochains jours au niveau des deux gouvernements, et d’œuvrer dans l’esprit des relations d’exception qui lient le Maroc et la France».
Toutefois, il faudra attendre les prochains jours pour savoir l’issue des plaintes déposées contre Abdellatif Hammouchi pour «complicité de torture». Surtout qu’entre temps, une nouvelle plainte a été déposée contre le patron du contre espionnage marocain et cette fois pour «torture» pure et simple. Cette dernière émane de l’avocat de l’ancien boxeur franco-marocain Zakaria Moumni. Celui-ci avait été condamné par la cour d'appel de Rabat à 30 mois de prison avant d’être gracié en février 2012 après avoir passé 17 mois à la prison de Salé.
Rabat mobilise ses réseaux à Paris
Des sénateurs français entrent en jeu. Ils viennent de demander au gouvernement de Jean-Marc Ayrault de donner «des explications urgentes et précises» sur la plainte contre Abdellatif Hammouchi. Dans un communiqué, le président du groupe d’amitié France-Maroc au Sénat français Christian Cambon qualifie, selon une dépêche de la MAP, cette démarche «d’inadmissible», soulignant que «cet incident grave et inédit est de nature à porter atteinte au climat de confiance et de respect mutuel entre le Maroc et la France».