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Grand Angle

Maroc : Un fossile à l'origine de l'appétit des compagnies pétrolières offshore ?

Il n’est plus à rappeler combien le Maroc est prisé ces derniers temps par les compagnies pétrolières internationales. Au moment où les unes accélèrent leur implantation, les autres intensifient leurs activités. Selon le paléontologue canadien, Liam Herringshaw, une motivation jusque-là inavouée pourrait se cacher derrière cet engouement et la géologie pourrait en dévoiler le fond. Explications.

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Le Trilobite Paradoxides, un fossile rare datant du Cambrien, qu'on ne trouve qu'en Ecosse, au Canada, aux Etats-Unis, en Scandinavie, en Espagne et au Maroc.
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L’appétit de certaines compagnies pétrolières offshore au Maroc ces derniers temps est-ils motivé par l’existence d’un fossile présent dans les régions du monde à fort potentiel pétrolier ? En tout cas pour le paléontologue canadien, Liam Herringshaw, il n’y a pas de hasard entre le fort intérêt des compagnies pétrolières internationales pour le Maroc, les récentes grosses découvertes pétrolières au Canada et le passé géologique partagé par les deux pays.

Dans une tribune publiée par The Independent, le scientifique rappelle que dans les années 1980, les recherches géologiques ont révélé que les hautes plaines marocaines situées entre la côte atlantique et les montagnes de l’Atlas ont été formées de roches du même âge et d’une structure géologique identiques à celles de l’Amérique du Nord. En effet, des études ont même montré qu’il y a des millions d’années, il était possible de se déplacer d’Essaouira à Montréal à pied.

Le trilobite Paradoxides crédibiliserait le potentiel pétrolier du Maroc

«Fondamentalement, explique le paléontologue, les couches marocaines contenaient également les mêmes fossiles que l’Amérique du Nord». Il s’agit en particulier d’un trilobite appelé Paradoxides, datant du Cambrien (il y a environ 510 millions d’années). D’après M. Herringshaw, ce fossile ne se trouve qu’en Ecosse, au Canada, aux Etats-Unis, en Scandinavie, en Espagne et au Maroc. «Lorsqu'il est combiné avec d'autres fossiles, les types de roches concomitants, ainsi que le motif des failles et fractures montrent que ces endroits, aujourd’hui disparates, ont été autrefois unis», explique-t-il.

Plus techniquement, la science explique comment ces terres se sont disloquées, laissant place à l’océan atlantique, tout en emportant, chacune, une partie de la richesse naturelle commune.

D’après M. Herringshaw, les résultats des recherches scientifiques réalisées ces dernières décennies auraient attiré l’attention des compagnies pétrolières sur les zones à fort potentiel et encore inexplorées. D’ailleurs à peine quelques mois après avoir annoncé d’importantes découvertes au large des côtes canadiennes l’an dernier, la compagnie néerlandaise StatOil ASA, soutenait que le Maroc pourrait présenter le même potentiel pétrolier, en raison de ses similitudes géologiques avec le Canada.

Les groupes pétroliers se bousculent

Et ce n’est pas un hasard si, autour de cette période, plusieurs grosses compagnies internationales, notamment BP ou Chevron, se sont impliquées ou ont renforcé leurs activités de prospection et de forage au large du Maroc. Dans le même sillage, le canadien First Sahara Energy faisait également son entrée, après la signature – avec l’ONHYM – d’un contrat d’exploration dans la région de Béni-Snassen (dans l’Oriental).

Aujourd’hui, les Marocains ne sont plus impressionnés par les annonces liées au potentiel pétrolier du royaume, car il n’y a eu jusqu’à présent aucun résultat probant. Et ça, même les autorités l’ont bien compris. Depuis la douloureuse affaire Talsint, qui a couvert le pouvoir de honte, l’ONHYM reste désormais très prudent. Parallèlement, il octroi de nombreux contrat de forage pour qu’enfin, ce potentiel tant vanté, puisse être confirmé.

Actuellement une trentaine de compagnies pétrolières ont obtenu des contrats de forage au Maroc. La compagnie britannique Gulfsands Petroleum et l’écossaise Cairn Energy continuent leurs activités, après des premiers forages aux résultats négatifs. De son côté, l’américaine Kosmos Energy – un partenaire de longue date de l’ONHYM dans l’exploration pétrolière au Maroc – devrait s’engager dans le bloc Foum Assaka à la mi-mars.

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