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Grand Angle

Tunisie : Les autorités s’attaquent au niqab

Le ministère tunisien de l'Intérieur a annoncé ce vendredi 14 février, qu'il allait renforcer le contrôle des personnes portant le niqab, pour faire face aux risques terroristes. Cette mesure risque-t-elle de susciter une polémique dans le pays ?

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Les autorités tunisiennes évoquent les menaces terroristes et le recours des suspects au niqab pour se cacher et échapper à la police. Par mesure de sécurité, le ministère de l’Intérieur a donc annoncé un «contrôle renforcé,» des femmes portant le voile intégral. «Cette mesure a été prise en raison des menaces terroristes enregistrées dans le pays et en raison du recours suspect au niqab […] pour se déguiser et fuir la justice», a déclaré le ministère, dans un communiqué publié sur sa page Facebook.

Ces nouveaux renforcements de contrôle s’expliquent par le nombre croissant de délinquants et de terroristes arrêtés alors qu’ils se déplaçaient déguisés sous le niqab. Le 10 février dernier, la police a arrêté un salafiste, membre d’un mouvement jihadiste, recherché depuis huit mois pour diverses violences. L’homme se dissimulait sous un voile intégral. Auparavant, d’autres hommes avaient été interpellés alors qu’ils usaient du même stratagème.

Depuis 2011, la Tunisie est confrontée à l’essor de groupes jihadistes accusés, notamment, du meurtre de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi l’an dernier. Une vingtaine de militaires et de membres des forces de l’ordre ont aussi été tués en 2013 lors d’affrontements ou par des bombes posées par des jihadistes présumés. Début février, un gendarme a été tué lors d’une opération terroriste durant laquelle plusieurs suspects ont été abattus, près de Raoued, dans la grande banlieue de Tunis, rapporte le journal français Libération.

Réactions des niqabées tunisiennes

«Avec cette décision, le ministère compte en fait interdire complètement le niqab pour d'autres raisons que la sécurité. Ils veulent créer des problèmes, provoquer les femmes portant le niqab et leurs maris. Le risque c'est que les gens dans la rue me regardent comme une terroriste», explique Wafaa, 30 ans, femme au foyer, à RFI.

Les autorités font passer toutes ces femmes en niqab pour des terroristes, selon une autre Tunisienne de 50 ans, intégralement voilée depuis 15 ans : «Depuis l’été, on m’a arrêtée plus souvent que sous le régime de Ben Ali. On rencontre beaucoup de difficultés par rapport aux gens. Ils nous traitent de terroristes. Cela me fait mal parce que je crois que le ministère de l’Intérieur fait peur au peuple tunisien et veut faire passer les salafistes pour des terroristes», déplore-t-elle. 

Vers une interdiction du niqab ?

Dans une déclaration à l’agence de presse officielle TAP, le Mufti de la République tunisienne, Hamda Said, a indiqué qu’il approuvait l’interdiction du niqab. Il est permis, selon lui, en religion de limiter les libértés pour des raisons sécuritaires et l’intérêt général du pays et de ses citoyens et que les quatre écoles de pensée islamique dont la doctrine malikite, s’accordent à dire que le port du niqab est une «Sunna», et donc non obligatoire en islam.

Ces derniers mois, plusieurs universités ont été le théâtre de heurts entre partisans du droit de porter le voile intégral et leurs détracteurs, défenseurs de la laïcité. Les médias tunisiens et internationaux ont également couvert l’affaire Habib Kazdaghli doyen de la Faculté des lettres de La Manouba et son combat contre le niqab.

Il y a une semaine, un mouvement intitulé «Il est temps d’interdire le niqab» a également vu le jour sur Facebook. 

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