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Grand Angle

Etudiants étrangers en France : Hausse de 353% des frais d'inscriptions dans certaines écoles

La France a récemment décidé d’augmenter les frais d’inscriptions pour les étudiants étrangers dans certaines écoles dès la rentrée prochaine. Et les frais actuellement en vigueur pour les étudiants non européens pourront connaître jusqu’à 353% de hausse. Le Groupe d’information et de soutien des immigrés (Gisti) dénonce «une discrimination sans aucune justification» et une «violation du principe d'égalité». Il a officiellement réclamé l'annulation de cette mesure auprès du Conseil de l'Etat. Détails.

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A partir de la rentrée prochaine, les étudiants étrangers - surtout les moins nantis - risquent de trimer pour intégrer les écoles d’ingénieurs publiques des Mines ou des Telecom en France. Et pour cause, les frais d’inscriptions actuellement de 850 euros passeront à 1850 euros pour les étudiants français ou originaires d’un Etat membre de l’Union européenne (UE) et de 850 à 3850 euros pour les étudiants originaires des autres pays, soit une hausse de 353% pour ces derniers.

Deux arrêtés (1) (2) du ministre du Redressement productif et du ministre délégué auprès du ministre de l’économie et des finances, chargé du Budget ont été récemment publiés, à cet effet, au Journal officiel (JO).

«Une vision dans laquelle l’enseignement est une marchandise»

Cette mesure fait bien évidemment de nombreux mécontents, surtout au sein des communautés estudiantines étrangères qui devront débourser des sommes faramineuses pour se former. Le Groupe d'information et de soutien des immigrés (Gisti), dans un communiqué publié lundi sur son site, dit «non au racket des étudiants étrangers». L’association estime que le gouvernement actuel, tout comme le précédent, travaille selon «une vision idéologique de l’Université dans laquelle l’enseignement supérieur constitue un ‘’marché’’ global et l’enseignement une ‘’marchandise’’ comme une autre à laquelle les étudiants étrangers ne peuvent accéder qu’en payant le prix fort».

Pour le Gisti, il est évident que l’augmentation inégale des frais d’inscriptions dans les écoles d’ingénieurs publiques des Mines et des Telecom «institue une discrimination sans aucune justification dans l’accès» à ces établissements d’enseignement supérieur. «C’est pourtant au prix de nombreux sacrifices que les ressortissants de certains pays, n’ayant pas de gros moyens (financiers, ndlr) arrivent souvent à ce niveau d’étude élevé», explique à Yabiladi la directrice du Groupe, Claire Rodier. «Là où le partage d’un savoir commun devrait construire des ponts, le mur de l’argent vient, ici comme ailleurs, ériger des murs», déplore l’Association

Recours en annulation

Considérant que le gouvernement est train de «violer le principe constitutionnel d’égalité et les conventions internationales qui interdisent les discriminations», le Gisti a déposé devant le Conseil d’État un recours en annulation contre ces mesures. «La procédure est en cours. On attend que le Conseil de l’Etat se réunisse», signale Mme Rodier.

A travers sa démarche, l’Association «espère susciter le débat», d’autant plus qu’elle voit en cette mesure le «premier pas» vers l’instauration de frais d’inscription plus élevés pour les étrangers tel que souvent évoqué, l’an dernier, lors des débats parlementaires sur l’immigration professionnelle et étudiante. Selon le Gisti, de telles mesures ont un «lien étroit avec la xénophobie d’Etat» qui favorise souvent les propos et décisions politiques discriminatoires vis-à-vis des étrangers. «La question des frais d’inscription parait être un détail, mais cela fait partie de ces facteurs qui peuvent emmener les Français à croire qu’il est normal qu’ils soient traités différemment des étrangers», estime Mme Rodier.

A noter que le Gisti n’est pas le premier à remettre en cause la décision gouvernementale. En janvier dernier, un groupe d’enseignants allait dans le même sens, avertissant que cette mesure est «économiquement inefficace en plus d’être profondément idéologique et socialement dangereuse».

Les étudiants marocains en France devraient être très touchés par cette mesure. Même s’il n’existe pas de statistiques précises sur leur présence dans les écoles d’ingénieurs publiques des Mines et des Telecom en France, les Marocains sont l’une des plus importantes communautés estudiantines étrangères dans l’hexagone. Si le recours en annulation réclamé par le Gisti abouti, ce serait une grande source de soulagement pour les étudiants concernés.

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