«L’enseignement de l’arabe était abandonné […] depuis des années, nous allons mettre les moyens nécessaires» à son renforcement, a déclaré à l’AFP jeudi le ministre français de l’Education, Vincent Peillon. Il entend donc redonner à l’arabe la place qui lui sied dans l’éducation en France. Il a, à cet effet, signé une convention entre le ministère et l’Institut du monde arabe.
Intérêts économiques
Cette orientation «est culturelle, mais elle est aussi, et ça chacun doit le comprendre, l’avenir de l’Europe et l’avenir de la France», a-t-il ajouté. En effet, M. Peillon voit dans cette mesure tout ce que l’hexagone pourrait gagner sur le plan économique. Soulignant que «les développements sont en grande partie de l’autre côté de la méditerranée», le ministre a ajouté que la France ne devrait pas rester en marge au moment où des pays comme le Japon et la Chine se ruent vers cette région. C’est de l’autre côté de la méditerranée que «la croissance attend. Et nous qui avons ce passé commun de la méditerranée, on en serait absent, pour des raisons idéologiques. C’est une folie !», a estimé M. Peillon.
L’enseignement de l’arabe dans le service public revendiqué
Il y a quelques jours, les professeurs Joseph Dichy et Pierre-Louis Reymond de l'Association française des arabisants (AFDA) et du Comité universitaire d'études arabes (CIDEA), tiraient la sonnette d’alarme quant à l’absence de l’arabe dans les concours du Capes (certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement du second degré), alors qu’il existe un «besoin criant» d'enseignants dans le secondaire.
D’après ces professeurs, le nombre d’enseignants d’arabe a baissé de 14,22% ces quatre dernières années, tandis que le nombre d’élèves a augmenté de plus de 28% sur la même période. Ils ont également relevé que chaque année, 6500 candidats au bac présentent l’arabe en tant que langue facultative, sans pouvoir recevoir de cours pendant leur année académique. MM. Dichy et Raymond ont réclamé «de toute urgence une politique claire» en faveur de l’enseignement de l'arabe dans le service public, notant l’impact positif qu’une telle orientation pourrait avoir sur le plan culturel et économique en France.
Pour l’instant, Vincent Peillon a annoncé que le ministère «doublera les sections orientales dans les trois ans qui viennent et réinscrire des postes au Capes et à l’Agreg».
Depuis que la France a déterré le vieux dossier de l’intégration, la question liée à l’enseignement de la langue arabe à l’école suscite divers avis. Maintenant que le gouvernement Ayrault semble bien fixé quant à ses orientations, reste plus qu’à transformer les paroles en actes.