Prévoyant, le ministre chargé des Marocains résidant à l’étranger et des Affaires de la migration est venu armé de chiffres. Car pour convaincre les patrons, il faut parler leur langage. Anis Birou s’est rendu ce matin au siège de la CGEM pour sensibiliser, rassurer s’il le fallait, associer si possible ces acteurs de la vie économique du pays, à cette opération de régularisation des migrants irréguliers.
Un dispositif important pour «une opération exceptionnelle» a ainsi été mis en place explique le ministre. «En seulement deux mois, nous avons du mettre en place 83 bureaux pour ce dispositif de régularisation et former 3 000 personnes», tient-il a rappeler. L’Etat marocain s’est préparé pour pouvoir accueillir les nombreux dossiers déposés par les migrants en situation irrégulière. «On estime cette catégorie de migrants présents au Maroc entre 30 000 et 35 000 personnes», souligne le ministre.
D’ailleurs en l’espace d’un mois, près de 10 000 demandes ont été reçues, annonce Anis Birou. A ce nombre important de dossiers à instruire, le ministre affirme que les autorités s’engagent à les étudier dans un délai de 2 mois. Les Subsahariens, mais aussi les Phillipins, Français, Espagnols, Hollandais, Pakistanais, qui ont d’ores et déjà déposé un dossier devraient donc obtenir une réponse courant mars. Devant les sourires affichés par les membres de la CGEM en écoutant la liste des nationalités des candidats, il a tenu à donner d’autres exemples encore plus originaux comme des Finlandais ou des Américains.
Régularisation mais aussi intégration
Mais les cas anecdotiques ne doivent pas cacher la forêt. Il est clair que la majorité des dossiers concernent des Subsahariens. Anis Birou a consacré une bonne partie de son exposé à parler de cette catégorie de migrants rêvant de l’eldorado européen. Pour eux le Maroc n’était qu’une étape, qui s’est transformée par la force des choses en destination finale.
Le ministre chargé à la fois des MRE et des Affaires de la migration veut «pour ces migrants le même avenir que pour nos compatriotes à l’étranger». «Les enfants d'immigres doivent réussir a l'école», plaide Anis Birou. Le Maroc s’est engagé pour scolariser les enfants de migrants. Il a également cité l’exemple de l’école de la 2ème chance pour ceux qui n'ont pas la possibilité de rejoindre l'éducation formelle. Le gouvernement étudierait également l’extension de la couverture santé (RAMED) à ces migrants.
Le ministre continue son plaidoyer en faveur de l’intégration des immigrés : «Il faut qu’ils intègrent l'entreprise marocaine, créent leur entreprise, créent de la richesse tout en maintenant le lien avec leur pays d'origine». Les patrons acquiescent. Saloua Karkri Belkeziz, PDG de GFI Maroc abonde dans son sens : «On le voit avec les stagiaires subsahariens diplômés de l’enseignement supérieur marocain. Quand ils repartent dans leur pays d’origine, ils deviennent un point de contact précieux pour l’entreprise marocaine». Elle ajoute que «pour ceux qui reste dans l’entreprise, il est plus facile pour nous d’envoyer un collaborateur subsaharien dans les missions que nous avons dans les pays d’Afrique subsaharienne».
Pour Anis Birou, «le Maroc aura réussi le pari de l’intégration lorsque les immigres vibreront avec l'équipe nationale». Et le représentant du patronat de la région Souss-Massa de préciser : «C'est déjà un peu le cas avec le Raja», faisant certainement référence à la finale jouée contre le Bayern de Munich lors de la Coupe du monde des clubs. Mais tout cela demande du temps. C’est pourquoi le ministre rappelle qu’il faut mener un «travail de pédagogie sur cette opération de régularisation pour expliquer et rassurer les différents acteurs de la société». Il finira par demander l’appui de la CGEM à cette opération. Un appel qui semble avoir trouvé un écho favorable auprès de la présidente du patronat, Meriem Bensalah Chaqroun.