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France : Un Franco-Marocain innocenté 19 ans après le meurtre d’un champion d’échec

19 ans après les faits, Sacha Rhoul, un Franco-Marocain accusé du meurtre d’un ancien champion d’échec, vient d’être acquitté par la justice française. Aucune preuve irréfutable n’a pu être retrouvée contre lui. Un soulagement pour cet homme qui a toujours clamé son innocence.

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«Enfin», c’est ce qu’a prononcé Sacha Rhoul à l’issue du verdict rendu jeudi, par la cour d’assises de l’Essonne. Le Franco-Marocain, longtemps désigné comme principal coupable dans le meurtre de Gilles Andruet, un champion d'échecs tué à coups de batte de baseball en août 1995, a été en effet acquitté par les jurés, après deux heures de délibéré. Selon l’AFP, «aucune preuve irréfutable» n'a pu être apportée au cours de quatre jours de procès.

«Après 20 ans d'attente, enfin les médias vont dire que je suis innocent (...) C'est un gros soulagement pour moi, ma famille, mes enfants, qui vont grandir avec un père innocent», a-t-il confié par la suite.

L’homme, âgé aujourd’hui de 42 ans, a en effet toujours contesté sa participation au meurtre de Gilles Andruet. Ce n’est que 19 ans après les faits que son innocence a pu aujourd’hui être établie. «Ce n'est pas une décision au bénéfice du doute, c'est une décision au bénéfice d'une totale innocence», s'est félicité son avocat Me Eric Dupond-Moretti, cité par l’AFP.

Aucun coupable désigné

Aucun coupable n’a encore, toutefois, été désigné dans cette affaire très médiatisée. Les faits pour lesquels Sacha Rhoul était mis en cause remonte au 22 août 1995. Ce jour là, le corps sans vie de Gilles Andruet, alors âgé de 37 ans, est retrouvé dans la commune de Saulx-les-Chartreux, enveloppé dans une alaise imbibée de sang et baignant dans l’Yvette, un cours d’eau de l’Essonne. Le dernier témoin à l’avoir vu vivant, le soir de sa disparition, affirmait qu’il était accompagné de trois hommes, dont Sacha Rhoul. Mais l’histoire est bien plus compliquée que cela.

Gilles Andruet, consacré grand maître international d’échecs en 1982 et fils lui-même du célèbre champion automobile Jean-Claude Andruet, fréquentait à l’époque «assidument l’univers des casinos». Il y avait perdu d’importantes sommes d’argent, explique l’AFP. Pour «se refaire», le champion d’échec  a tout fait pour encaisser un chèque d’environ 400 000 francs, soit plus de 60 000 euros, provenant d’un héritage.

Bloqué par une interdiction bancaire, Gilles Andruet parviendra finalement à ouvrir un compte dans une banque marocaine à Paris, dont le nom n’a pas été précisé, avec l’aide d’un certain Joseph Liany, l’un des trois hommes aperçus avec  Sacha et Gilles, et son fils Franck. Ce dernier, également habitué des casinos, obtiendra une procuration sur le compte de Gilles. Le compte en question a été vidé, trois jours après sa mort.

Un suicide lié en 1996

Pour ce qui est du troisième homme ayant été aperçu le soir du meurtre avec Gilles, il pourrait s’agir de Loïc Simon. Ce dernier, qui était alors serveur au Golf de l’Étoile, un club «situé dans les beaux quartiers de Paris et tenu par Rhoul», aurait avoué à un de ses amis avoir été payé pour tuer à coups de batte de baseball un joueur d’échecs. Mais sa version n’a jamais pu être confirmée par les enquêteurs. Il s’était donné la mort quelques mois après le meurtre, en 1996.  

Joseph et Franck Liany ont été condamnés en 2003 par la cour d’assises de l’Essonne. Mais le père Joseph, qui avait écopé de 15 ans de réclusion, sera acquitté en appel. Sacha, lui, était déjà en fuite au Maroc où il s’était installé dès 1998. Lors d’un premier procès en 2006, le Franco-Marocain avait été condamné à 15 ans de prison par contumace. Faisant ensuite l’objet d’un mandat d’arrêt international, il sera extradé en février 2010, avant d’être remis en liberté en juin de la même année. Depuis, il était sous contrôle judicaire.

Deux enfants nés au Maroc                                                                                                        

L’acquittement de Sacha Rhoul, hier à Evry, n’aura néanmoins pas permis au père de la victime de faire son deuil. «Il ne faut pas confondre la peine d'un père qui a perdu son fils et la recherche indispensable mais parfois impossible de celui qui a causé cette peine», a commenté le représentant du parquet. Sa «soif de justice ne (pouvait) pas être étanchée par la condamnation d'un innocent», a souligné pour sa part Me Dupond-Moretti.

Officiellement donc innocent, Sacha peut désormais rentrer à Dunkerque, dans le nord de la France, où il est installé avec son épouse Fanny et leur deux enfants, âgés de 6 et 8 ans, tous deux nés au Maroc.

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