Cette semaine commence l’acte II de l’affaire du chocolat du ministre Abdelâdim El Guerrouj. L’actuel chef du département de la Fonction publique, Mohamed Moubdiî, compte ouvrir une enquête sur la facture de 33 375 dh que son prédécesseur a réglé, le 10 octobre dernier, le jour même de la passation des pouvoirs entre les deux hommes issus du même parti politique (Mouvement populaire). Une facture qui aurait même disparu des registres comptables, indique dans son édition d'aujourd'hui, le quotidien Akhbar Al Yaoum.
L’affaire se politise
Demain et sauf changement de dernière minute, le MP tiendra une réunion de son bureau politique. Les chocolats d’El Guerrouj devraient être au menu. Apparemment le parti serait prêt à lâcher son ministre. C’est ce que suggèrent, d’ailleurs, les propos du secrétaire général du MP qui se désolidarise clairement d’El Guerrouj.
Dans des déclarations à Al Akhbar, le quotidien qui a révélé le scandale, Mohand Laenser a défendu sa formation, assurant qu’aux moments des faits «les membres du MP ne dirigeaient pas tous le ministère de la Fonction publique mais il s’agit seulement d’un individu présumé membre du parti». Voilà ce qui est grave.
Laenser vient semble-t-il de retrouver la mémoire. C’est bizarre qu’il se rappelle simplement maintenant que Abdelâdim El Guerrouj n’a été adhérent du Mouvement populaire qu’à partir de janvier 2012. Il a fallut attendre sa désignation surprise à la tête du ministère de la Fonction publique au sein du premier gouvernement Benkirane pour lui coller son étiquette politique. Dans ce cas, pourquoi l’avait-t-il mis sur la liste des ministres du MP ? Et quelle serait donc la partie qui lui aurait soufflé le nom d’Abdelâdim El Guerrouj ?
Le ministre a déjà refusé de payer 100 dh à un CHU
Des considérations internes expliqueraient l’empressement de Laenser à condamner El Guerrouj sans attendre les résultats de l’enquête diligentée par Moubdiî. Le MP se prépare en effet à organiser, probablement en juin prochain, son congrès. Au Maroc, ce genre d’occasion est propice pour se débarrasser de quelques figures montantes.
Il s’agirait surtout de ne pas faire d’ombre à certaines personnes qui ambitionnent d’arracher le titre de député à Berkane, la région natale d’El Guerrouj, sous les couleurs du parti de l'Epi. Un objectif qui se heurterait à la concurrence de l’ancien ministre de la Fonction publique, d'autant que celui-ci multiplie les réunions avec les membres de la section locale du MP.
Et d’autres arguments pourraient être utilisés contre El Guerrouj. L’affaire de la facture de chocolats ne serait pas la seule casserole que trainerait l’actuel ministre délégué chargé de la Formation professionnelle. En 2012, il avait refusé de payer 100 dh de frais d’hospitalisation pour l’un des membres de sa famille au CHU de Rabat. Il avait prétexté qu’il avait entendu son collègue à la Santé annoncer que les soins dans les hôpitaux publics sont gratuits.