Alors que l'entrée en vigueur de la nouvelle taxe aérienne est prévue pour avril prochain, la polémique continue d’enfler avant cette échéance. C’est au tour de l’Association internationale du transport aérien (IATA) de mettre en garde le Maroc sur les répercussions de la taxe sur les billets d’avion à l’international après que les compagnies low cost ont manifesté leur désaccord et commencé à réduire leur desserte au Maroc.
Selon une note de l’IATA datée du 20 décembre et signée par le Directeur des Affaires pour l'Afrique, Adefunke Adeyemi, «cette taxe aura à coup sûr un effet contre-productif sur le secteur - du tourisme -, menacera de miner les progrès effectués, induira des effets négatifs sur le PIB et l'emploi et pourrait être néfaste pour la cohésion sociale et l'économie en général».
Tandis que le royaume pensait pouvoir figurer parmi les 20 meilleures destinations mondiales à l’horizon 2020 à travers plusieurs mesures dont la taxe aérienne, l’IATA, qui représente 240 compagnies, fait savoir que «la logique de la taxe va à l'encontre de la Vision 2020 du tourisme».
Plus d’un milliard de dirhams de perte et menace sur 13 000 emplois
«Compte tenu de l'importance des secteurs du tourisme et de voyage au Maroc - près de 8% du PIB en 2012-, les effets négatifs sur le PIB et l'emploi ne peuvent qu’être nuisibles à la cohésion sociale et l'économie générale», explique l’IATA.
Si on fie aux prévisions de l’association, le Maroc pourrait ainsi être exposé à un manque à gagner chiffré à 1,1 milliard de dirhams pour son trésor avec l’instauration de cette taxe - qui permettra de récupérer 100 dirhams sur les billets en classe économique et 400 dirhams sur les autres catégories -. En plus de ce manque à gagner, une menace pèserait également sur près de 13 000 emplois, à en croire l’association.
Le ministère du tourisme est-il passé à côté ?
La destination marocaine qui est prisée par les touristes, l’est en partie en raison de la compétitivité des prix. «Une des forces relatives du Maroc vient de la compétitivité des prix : le pays se classe au 61ème rang pour le niveau des taxes sur les billets d’avion et des redevances économiques», remarque même l’IATA. Pour le quotidien L’Economiste, la nouvelle taxe aérienne impactera négativement les compagnies aériennes nationales (RAM et Air Arabia Maroc) qui peinent toujours à retourner à l'équilibre financier après deux années difficiles.
L’IATA parle de perte estimée à 100 millions de dollars en 2012, d’après le même quotidien. Selon ce dernier, des sources au sein de la compagnie nationale ont indiqué que la «RAM ne compte pas répercuter la taxe à cause de la rude concurrence étrangère. Le transporteur aérien national devra donc supporter l'équivalent de 250 millions de DH, soit environ 30% de son résultat d'exploitation».
Après la suppression des lignes à Tanger et à Fès par la compagnie britannique Easyjet, la RAM est venue à la rescousse. Le ministre du Tourisme, Lahcen Hadad, défend que cette taxe est une «décision souveraine du gouvernement» et aura des impacts positifs sur le tourisme. Mais les calculs de l’IATA vont à l’encontre de ceux du gouvernement, et on ne peut s’empêcher de se demander comment les autorités marocaines ont procédé pour établir leurs prévisions qui, elles, tablent sur 4,7 milliards de dirhams de recettes d’ici six ans.