Le 31 décembre à la Chambre des représentants, le Chef du gouvernement avait accusé des responsables du parti de l’Istiqlal de détourner des milliards vers l’étranger. Benkirane annonçait même détenir des «preuves et les noms» des personnes impliquées dans ses malversations.
La réaction des premiers concernés ne s’est pas faite trop attendre. Le groupe des députés du parti de la Balance a immédiatement demandé l’ouverture d’une enquête judiciaire sur les accusations proférées par Benkirane.
Encore une fois, Ramid est dans l’embarras
«Le Chef du gouvernement dissimule des informations à la justice», a souligné sur France 24 Omar Abbasi, membre du comité exécutif de l’Istiqlal. Pour ce proche de Hamid Chabat, les révélations de Benkirane au parlement n’ont nullement l’effet d’une bombe. Bien au contraire, le secrétaire général du PJD pourrait maintenant être poursuivi par la justice pour complicité indirecte avec les prévaricateurs.
Après l’USFP qui avait sollicité du ministre de la Justice une intervention urgente dans le cas de l’affaire d’excommunication de Driss Lachgar par Abou Naïm, c’est au tour de l’Istiqlal de faire appel à Mustapha Ramid. Le parti de la Balance souhaite que ce dernier demande au parquet d’interroger son supérieur hiérarchique au gouvernement et au PJD sur les informations qu’il dit détenir.
La requête des Istiqlaliens s’appuie sur un appel de l’ancien premier ministre Abderrahman El Youssoufi à ces ministres de suivre et d’ouvrir des enquêtes internes sur des informations publiées par la presse ou les déclarations de députés ou conseillers sur de possibles malversations. Sous cet angle, le cas Benkirane paraît plus grave. Lors de son passage mensuel à la Chambre des représentants, le Chef du gouvernement a répété, à maintes reprises, en direct sur Al Aoula, qu’il détenait une liste de noms de responsables de partis qui auraient détourné des milliards dans des banques à l’étranger.
La non-séparation du parquet et du ministère de la Justice bénéficie à Benkirane
Sous d’autres cieux plus démocratiques, de tels propos auraient très certainement conduit leurs auteurs à des poursuites judiciaires, mais pas au Maroc. Il faut en effet se rappeler que le parquet est toujours sous l’autorité du ministre de la Justice.
Certes le rapport de la Haute instance du dialogue national sur la réforme du système judiciaire, publié en septembre dernier, recommandait «la séparation du ministère public du pouvoir exécutif et son placement sous l’autorité du procureur général du Roi». Mais la mise en application de cette proposition tarde à se concrétiser. Dans ce contexte, l'option de voir un juge interroger Benkirane sur ses accusations, demeure très improbable.