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Interview

Abdelhamid El Jamri: le CSCME sera une force de proposition

Interpellé par notre rédaction, Driss Yazami, président du Conseil des Marocains de l’Etranger, n’a pas daigné répondre à nos questions. De facto, nous sommes allés à la rencontre de Abdelhamid El Jamri, expert auprès des Nations Unies, vice-président du Comité onusien sur les Droits des Migrants et…membre du Conseil Supérieur de la Communauté Marocaine résident à l’Etranger (CSCME). Il s’exprime sur l’environnement des désignations au Conseil, sur le tollé suscité par la composition de l’instance, sur les orientations de la structure,…
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- Yabiladi : Comment avez-vous été informé de votre désignation comme membre du Conseil supérieur des MRE?
- Abdelhamid El Jamri : D’abord par un appel téléphonique, un jour ou deux avant la sortie de la liste, puis par une dépêche de la MAP, la télévision, la presse écrite et dernièrement par une lettre du Président adressé à tous les membres qui ont été désignés.

- A la découverte de la liste, de nombreux MRE ont dénoncé avec force sa composition? Selon vous, ceux sont simplement des revendications au parfum de rancœur où...
- Je pense que c’est une bonne chose que des marocains de l’étranger ne restent pas passifs devant de telles décisions, bien que les propos soient parfois exagérés. Ils relèvent du subjectif et ils ne vont pas au fond des choses. Les contestations, les observations et le débat autour du Conseil de la Communauté Marocaine à l’Etranger montrent que beaucoup de marocains veulent y participer et souhaitent que leurs problèmes soient enfin pris en charge de façon structurée et avec méthode. Un état de fait que nous partageons. Les débats actuels expriment aussi avec force la volonté des MRE à participer à la gestion de la chose publique à l’intérieur du pays. Nous partageons également ce souhait et cette volonté.

- Et votre position sur les contestataires ?
- Je n’ai pas de jugements à porter sur tel ou tel contestataire, ni à déterminer sa motivation par rapport aux propos qu’il peut tenir, sauf pour les insultes ou les atteintes individuelles qui sont regrettables. La nomination du conseil actuel découle la logique initiée depuis plusieurs mois. C’est bien un conseil constitutif qui doit faire des propositions pour garantir une meilleure représentativité des marocains de l’étranger par la suite. Mon souhait, c’est de voir le débat centré autour des différentes formes de représentativité au sein du Conseil. Le choix ne va pas être simple, ni au niveau de la forme, ni au niveau des modalités. Il faudrait également que le débat tourne autour de la hiérarchisation des problèmes, le Maroc ne pourra pas régler tous les problèmes qui se sont accumulés pendant plus de 40 ans dans un laps de temps réduit. Autre motivation, voir naître un débat sur la question de la citoyenneté. Certains d’entres nous sont favorables à une citoyenneté de résidence alors que d’autres militent pour une citoyenneté dans le pays d’origine ou encore pour une citoyenneté ici et là bas… Le débat n’est qu’à son début et personne ne peut dire aujourd’hui, que ce soit au Maroc ou à l’étranger, qu’il a la réponse à toutes ces questions, que ce soit au niveau des associations, des partis politiques ou de l’administration.

- Que répondez-vous à ceux qui déplorent un manque de transparence sur les critères d'éligibilité définis pour siéger au Conseil ?
C’est vrai que j’ai participé, en tant que membre du groupe d’experts qui a accompagné le CCDH dans cette démarche, à l’élaboration de l’avis que ce dernier a transmis au Roi. En tant que groupe, nous avons travaillé en toute liberté, sans instruction aucune. Notre travail n’a pas porté sur la liste à présenter, mais sur problématique migratoire en général et sur le repérage des compétences marocaines à travers le monde. Le reste du travail a été mené par le CCDH et je n’ai pas de détails sur la manière dont les travaux ont été conduit par la suite, mais j’ai confiance dans cette institution nationale des droits de l’homme, reconnue mondialement pour son respect des principes de Paris qui sont les principes fondateurs de ce type d’institution : intégrité et impartialité. En outre, j’ai confiance en ses dirigeants et ses membres, le Président Herzeni, le secrétaire général El Haiba, El Yazami aujourd’hui président, Ajbali, Bouderka et Benzekri de son vivant, qui avaient accompagné notre groupe… et aussi de l’équipe administrative du CCDH qui s’est beaucoup investit dans ce processus. Nous n’avons pas toujours été d’accord sur tout, mais ce n’était pas l’objectif. L’objectif était et reste de faire avancer les choses et de mettre à niveau la politique migratoire marocaine.
En parlant de transparence, je voudrai saluer la qualité d’écoute du Roi. Dans son dernier discours, il a parfaitement reflété les débats et les conclusions auxquelles nous étions arrivés majoritairement lors des consultations. Bien que le CCDH ait proposé une liste, c’est bien le Roi qui a désigné les nominés au Conseil. Il regroupe un certain nombre de compétences, ce qui était le premier critère de nomination. Maintenant, il faudrait le laisser travailler et le juger sur son action. Il ne faudrait pas le ‘‘conseilticider’’ né. Cette instance mettra en synergie son expertise avec les nombreuses autres compétences des marocains à travers le monde, notamment avec les leaders associatifs.

- Après le contenant, place au contenu. Quel contenu pour ce Conseil Supérieur? Et la place et le rôle des différents acteurs pour les MRE (Fondation Hassan 2, ministère des MRE)
- Comme cela a été annoncé, ce Conseil aura plusieurs rôles. D’abord un organe de larges consultations sous l’autorité du chef de l’Etat et de différents organes. C’est aussi un Conseil qui va suivre tout se qui se passe au Maroc au niveau politique, institutionnel et il pourra donner un avis sur les politiques publiques car les marocains de l’étranger ne s’intéressent pas seulement à leur petite personne de migrants, mais à tout le Maroc. Ils veulent un Maroc qui va vers plus de progrès, plus de démocratie et plus de bonnes pratiques pour le bien de tous. Le Conseil sera donc une force de proposition. Au niveau des institutions, il est encore trop tôt pour s’exprimer parce que le Conseil doit prendre le temps de réfléchir sur l’existant pour proposer une certaine cohérence entre les structures qui existent et une politique migratoire optimale pour le Maroc. Peut être qu’il proposera de réaménager certaines de ces structures où même de les fondre dans d’autres. Je me permets de rappeler que le Conseil Supérieur, à mon sens, n’interviendra pas directement, mais il proposera une meilleure façon de créer des instances qui ‘‘gèrent’’ la migration marocaine. Il est entendu que la nouvelle politique migratoire sera en conformité avec les normes internationales basées sur le respect des droits humains des migrants, aussi bien des marocains résidents au Maroc que pour les étrangers résidents au Maroc.
Le Conseil restera ouvert à toutes propositions concrètes et construites qui fassent avancer les droits des migrants marocains, sur le plan politique, économique et social.

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